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La déchirure
Publié dans Liberté le 26 - 01 - 2005

RESUMé : Salim fait part à Farida de ce qu'il attend d'elle. La jeune fille est inquiète. Il lui en a trop demandé. Elle ne comprend pas pourquoi. Il a beau lui rappeler son amour, la sensation d'étouffer est plus forte. Salim lui demande de réfléchir…
Il est frappant qu'il s'est passé quelque chose. Le visage soucieux et contrarié de Farida pousse sa mère et ses sœurs à la suivre à la chambre.
- Vous ne pouvez pas me laisser tranquille ? s'écrie-t-elle. Je voudrais me changer et me reposer.
- On m'a dit que tu étais avec Salim, dit sa mère. Vous avez pu discuter…
- Oui.
- Raconte alors, la prie Zahera en s'asseyant sur le bord du lit. De quoi avez-vous parlé ? Sa mère est vraiment partie ?
- Oui.
- Parle ! Pourquoi faut-il t'arracher les mots ? Cela s'est mal passé entre vous ? l'interroge Zahera.
Farida se tourne. Ses sœurs et sa mère voient ses larmes. Appuyée à la garde-robe, elle les met au courant.
- Pas d'études, pas de maquillage et pas de sorties, énumère-t-elle. J'ai l'impression que s'il le pouvait, il me mettrait dans sa poche, pour s'assurer que tout se passe comme il veut.
- Il a peur que tu changes, commente sa sœur aînée. Si tu lui as fait sentir que tu n'es pas sûre de toi, autant ne pas t'engager.
- Il n'est pas question de mes sentiments, rétorque la jeune fille, mais de ses conditions, pour qu'il accepte de se marier. Il prétend m'aimer, mais pourquoi me demander tout ça ? Pourquoi me demander de renoncer à tout ce que j'aspire depuis longtemps ? Ce ne peut pas être de l'amour.
- Il te veut pour lui. Le fait d'habiter dans un autre pays doit le terrifier. Moi, je suis sûre qu'il tient énormément à toi.
L'affirmation de sa mère la surprend. Celle-ci poursuit, tenant à s'expliquer :
- Il veut prendre toutes les précautions pour que personne d'autre ne puisse t'éblouir. Et puis, ajoute-t-elle, tu n'as pas besoin d'étudier. Là où tu vas te rendre, tu n'auras pas besoin d'études pour vivre. Et je suis sûre qu'une fois là-bas et ensemble, il te gâtera. Tu te tortures l'esprit pour rien.
- Et si là-bas, il ne change pas ? demande Farida. Qu'est-ce que je ferai ?
- Cela n'arrivera pas, la rassure sa mère. Mais tu peux toujours réfléchir.
Farida est encore sous le coup de l'émotion. Elle a beau aimer Salim, quand elle pense à ce qu'il veut lui imposer, elle hésite.
Ce soir-là, il ne vient pas dîner chez eux. Farida ne s'y attendait pas. Elle ne sait plus quoi penser. Elle ne parviendra pas à s'endormir. Le matin, quand elle se rend au lycée, elle est déçue de ne pas le voir. Elle a espéré le rencontrer sur son chemin.
- Il est en train de jouer avec mes nerfs !
Durant la matinée, elle a du mal à suivre les cours. Elle s'en veut d'être aussi bouleversée. Elle ne devrait pas l'être.
- Farida S., quelqu'un te demande. Il t'attend dehors.
Elle grimace un sourire à la surveillante et va voir. Son cœur manque un battement en apercevant Salim, appuyé à une belle voiture.
- Que fais-tu ici ? l'interroge-t-elle.
- Je voulais déjeuner avec toi, répond-il. Tu as eu toute la nuit pour réfléchir, et j'ai hâte de connaître ta réponse.
- Je ne peux pas venir avec toi, réplique-t-elle en regardant autour d'elle. Tu as beau être un cousin à papa, je ne peux pas. Les gens vont parler. Je suis désolée, tu devras attendre. Viens dîner ce soir, lui propose-t-elle. Avec un peu de chance, je ne serais plus indécise. Tu auras une réponse… au moins une réponse…
(À suivre)
A. K.
[email protected]


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