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"Le modèle rente-corruption-redistribution (RCR) est obsolète"
Sammy Oussedik, coordinateur général de l'Initiative Ibtykar, à "Liberté"
Publié dans Liberté le 11 - 05 - 2016

Dans cet entretien, Sammy Oussedik, expert financier et fondateur de l'initiative Ibtykar, analyse la situation financière actuelle du pays et évalue les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la crise dont il série les causes qui sont, estime-t-il, d'ordre politique au premier chef.
Liberté : Le ministère des Finances vient de rendre publique la situation budgétaire établie à fin février 2016. Le déficit du Trésor s'est creusé pour atteindre près de 1 404 milliards de dinars. Quelle est votre analyse ?
Sammy Oussedik : Je ne suis point étonné par ces chiffres. Cette dégradation des comptes touche l'ensemble de nos positions. Balance des paiements, balance commerciale, balance des services etc. En effet, la trajectoire des finances publiques était déjà tracée, calculable et identifiable. La dégradation des comptes internes et externes se poursuivra car l'énergie cinétique libérée par un système qui s'est aujourd'hui emballé va, sauf mesures courageuses et difficiles, empêcher toute possibilité de "soft landing".
Ces mesures, si l'on veut qu'elles aient un impact réel, et quelles que soient leurs qualités intrinsèques, devront rencontrer et susciter l'adhésion des Algériens. Le sacrifice qui va leur être demandé sera important. Cette réalité, il convient de la dire. Or, aujourd'hui, la défiance envers le pouvoir politique est une réalité incontournable. Il sera donc difficile de rassembler et mobiliser pour affronter la tempête qui est déjà là. Concernant le déficit budgétaire stricto sensu, je vous ferai observer que pour être exact, il doit être calculé sans l'apport du Fonds de régulation des recettes (FRR), et là, nous n'arrivons pas à 13-15% du PIB mais à plus de 20% (données BA et FMI). Un niveau insoutenable, d'autant que le gisement que représente le FRR va bientôt se tarir et, donc, il ne pourra plus venir au secours des déficits publics, comme c'est le cas depuis quatre ans.
En conclusion, la politique de maîtrise des dépenses publiques annoncée est un échec. Cet échec était prévisible car la conduite des politiques budgétaires implique une véritable maîtrise des dépenses. Ce que le système, qui a agrégé de nombreuses clientèles, dans et autour de l'Etat, ne sait ou ne peut plus faire.
Aujourd'hui, et depuis de nombreuses années, la gestion budgétaire est en grande partie un exercice virtuel pour ne pas dire fictionnel. En effet, lorsque les lois de finances sont établies à partir d'un prix du baril déconnecté de la réalité du marché, elles permettent de soustraire une grande part des recettes, hormis celles versées au FRR, du champ de l'exercice et de la saine gestion budgétaire. Une part de ces ressources financières est alors "gérée" à la discrétion et selon le bon vouloir de l'Exécutif. C'est ce qui participe à ce que j'appelle "l'Algérie informelle". Dans ces conditions et avec ces pratiques, il est difficile de revenir à une gestion budgétaire saine, rigoureuse et efficace.
Sur les deux premiers mois de 2016, les prélèvements sur le Fonds de régulation des recettes se sont établis à 665,67 milliards de dinars. À ce rythme, le Fonds ne risque-t-il pas de s'épuiser avant la fin de l'année ?
Ce risque existe, il est même probable. Les surplus financiers qui alimentaient le Fonds ont disparu. L'épuisement des ressources contenues dans ce bas de laine que représente le FRR, en une période réduite, indique bien la fragilité de notre économie et de nos comptes. Alors que nous nous croyions à l'abri, c'était, en fait, un abri bien précaire et provisoire.
Demain, pour ne pas dire aujourd'hui, il va falloir revenir à une gestion rigoureuse de nos comptes si nous désirons garder l'indépendance de nos décisions et la maîtrise de notre destin.
Que pensez-vous de l'opération de lancement de l'emprunt national pour la croissance économique ?
Le lancement de cet emprunt dans le contexte actuel m'inspire trois réflexions. La première est qu'un tel emprunt nécessite une préparation de longue haleine accompagnée d'une communication ciblée en direction des ménages. Cela est d'autant plus nécessaire que nous vivons dans une société de défiance. Cette défiance est accentuée lorsqu'il s'agit des rapports entre l'Etat et le citoyen. Sans compter que nous ne possédons aucune culture financière pouvant rendre lisible et compréhensible cette opération. La seconde est que depuis presqu'une année, un grand nombre d'Algériens se posent la question de savoir à quoi ont servi les quelque 850 milliards de dollars US de recettes engrangées depuis une dizaine d'années ? Dans ce contexte, le citoyen dont on sollicite l'épargne s'interroge sur ce qu'il adviendra de ses économies qui constituent pour lui une assurance face à la crise. La troisième est que pour assurer le succès de ce genre d'opération, il est recommandé de lier l'emprunt à une cause claire, identifiable et qui a un sens pour la majorité. Ce fut le cas lorsque l'Egypte a lancé, il y a deux ans, une souscription populaire afin de réaliser le doublement du canal de Suez. Elle fut couronnée de succès et permit de lever 7 milliards de dollars US en deux semaines. Enfin, le taux de rémunération offert n'est pas attractif compte tenu des rendements alternatifs ainsi que du taux d'inflation réel.
Bien que les autorités évoquent la nécessité de réformes, les mesures prises jusqu'à présent ont été modestes. Quelles sont les priorités, d'autant que le gouvernement annonce le lancement prochain d'un nouveau modèle économique ?
Il faut tout d'abord dire, une bonne fois pour toutes, que notre modèle, que je nomme le "Modèle RCR" (rente-corruption-redistribution), est aujourd'hui obsolète. Il aurait fallu mener, lorsque nous en avions les moyens financiers, une politique de réformes audacieuses et courageuses. Instaurer les bases d'un nouveau modèle de croissance et de développement. Cette politique, à contre-cycle, aurait, aujourd'hui, commencé à donner des résultats et permis d'aborder cette période difficile de façon plus sereine. Aujourd'hui, les mesurettes prises ne sont pas à la hauteur des défis que nous devons relever. Quelle que soit la stratégie économique qui sera adoptée, elle devra répondre à deux exigences. La première est celle de la cohérence et de l'efficience.
La seconde est que le dispositif de mesures techniques doit s'enchâsser dans la réalité politique, économique et sociale de notre pays. Sans cela, cette stratégie sera sans prise sur notre réalité et donc sur notre devenir collectif. Concrètement, les secteurs, à réponses rapides doivent être ciblés. Le BTP, l'agro-alimentaire, les services notamment les services dits "dorsaux" (finances, transports, Internet...), la carbochimie, etc. Au-delà de ces secteurs traditionnels, il convient, aussi, de diriger l'effort vers ce que j'appellerai la future "Smart Algeria". C'est-à-dire, le solaire, les services à forte valeur ajoutée, les bio-tech, l'agriculture bio, etc. Ce sont là les gisements de demain. Mais cela demande un grand effort en matière d'éducation et de formation d'excellence.
Enfin, l'économie n'est pas tout, et réduire la crise à sa dimension économique est une erreur. Seul le politique, un pouvoir politique crédible, légitime et ayant une vision d'avenir, pourra réunir et mobiliser la majorité des Algériens pour faire face aux crises et aller de l'avant.


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