La déception de Kenza Oussalah, meilleure bachelière de tous les temps, aura été de très courte durée. Ayant décroché son baccalauréat série mathématiques avec un 19,7/20, soit la meilleure moyenne obtenue depuis l'Indépendance de l'Algérie, la jeune bachelière aspirait, à titre exceptionnel, à une bourse d'Etat pour partir étudier, au Canada, la biomécanique, une spécialité inconnue en Algérie. Ce choix était motivé du reste par le fait que la tante à Kenza, ingénieur en biomécanique établie au Canada, avait familiarisé sa jeune nièce à cette discipline scientifique. Mais lors de la remise solennelle d'une médaille d'or au nom du chef de l'Etat, Kenza Oussalah, pour des raisons de protocole n'a pas eu la possibilité de faire part de son vœu au Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Et pour cause ! Les ministres de l'Education nationale et celui de l'Enseignement supérieur présents à la cérémonie l'ont dissuadée de le faire. Mais dès que l'information a été rendue publique, la Toile s'est alors enflammée et ce, notamment, à la suite d'une vidéo de Lotfi Double Kanon mise en ligne sur le réseau YouTube. Le rappeur annabi a, en effet, lancé un appel à la solidarité des Algériens qui s'est vite traduit, en quelques heures seulement, par un élan spontané et sans précédent sur les réseaux sociaux. Des dizaines de personnes ont proposé d'apporter leur aide financière ou autres. Plusieurs chercheurs algériens se sont, en outre, manifestés outre-Atlantique. Il aura fallu qu'un généreux bienfaiteur ayant requis l'anonymat décide de financer intégralement les études de la meilleure bachelière algérienne de tous les temps pour que le père de Kenza, submergé de propositions d'aides multiformes, en vienne à informer les internautes que toute collecte de fonds est désormais inutile. Kenza Oussalah, résidant à Bir El-Jir, à Oran, ira bel et bien étudier au Canada et son rêve ne sera pas brisé. Une brève visite de la twittosphère à son sujet montre que l'on se félicite de cette "solidarité des Algériens face au refus des corrompus et squatteurs des institutions". Beaucoup déplorent, en effet, le fait que "l'Algérie ne donne finalement qu'aux plus riches et aux plus puissants". Heureusement, "quand l'Etat est défaillant, il reste la société civile", se console-t-on, par ailleurs. Bien sûr, il y a les indécrottables sceptiques et autres partisans de la théorie du complot qui, eux, ont du "mal à comprendre cet élan de solidarité pour encourager la fuite des cerveaux" et pour qui, incontestablement, "l'ambassade du Canada ne pouvait espérer meilleure pub pour les études au pays de la feuille d'Erable". Mohamed-Cherif Lachichi