Résumé : Taos est toute remuée. Pourquoi le destin se manifestait-il encore une fois pour les malmener ? Meriem rentre plus tôt et la surprend dans la cuisine. Elle reproche à sa belle-mère de trop se dépenser pour eux, alors qu'elle était censée se reposer. Cette dernière riposte qu'elle voulait juste préparer le dîner. Meriem se met à découper les légumes pour les jeter dans la marmite qui commençait à bouillir sur le feu. -Je peux bien le faire moi-même. -Je sais. Mais tu es fatiguée ma fille. Tu passes toute la journée à trimer au bureau, et tu as les enfants qui occupent tout ton temps, sans compter mon grand dada de fils, qui ne lève pas le petit doigt pour t'aider. -Depuis le temps que cela dure, je pense que je suis plutôt habituée à ce rythme de vie. Lorsque je me sens trop lasse pour préparer le dîner, nous sortons pour nous rendre dans un restaurant. Cela n'arrive pas tous les jours bien sûr, mais Hakim ne refuse jamais. Ce qui prouve qu'il est tout de même compréhensif. -Il a tout intérêt à l'être. Ce n'est pas tous les hommes qui peuvent tomber sur une femme telle que toi, ma fille. Elle soupire. -Certes, je me fais vieille et mes os me font souffrir le martyre. Mais je retrouve une certaine sérénité dans l'accomplissement des tâches ménagères. À la ferme, c'est moi qui m'occupe de tout. Rappelle-toi donc. -Raison de plus pour te reposer davantage chez nous. Sachant qu'elle n'aura jamais le dernier mot avec sa belle-fille, Taos soupire encore, puis se lève pour se diriger vers le salon. Elle allume la télé et tombe sur l'un de ses programmes favoris. Cependant, elle était tellement lasse qu'elle ne tarde pas à sombrer dans un sommeil bienfaiteur. Quelques minutes plus tard, une pomme de terre dans une main, un couteau dans l'autre, Meriem vint jeter un coup d'œil à sa belle-mère et constate qu'elle avait enfin consenti à suivre ses conseils. Hakim rentre un peu tard. Il venait de sortir d'une réunion qui avait duré les trois quarts de la journée, et n'avait plus qu'une seule envie : dormir jusqu'au matin. Il avale hâtivement son dîner et se lève pour s'enfermer dans la salle de bain. Meriem comprit que pour ce soir, il va falloir qu'elle tienne elle-même compagnie à Taos. Cette dernière s'était rallongée sur le sofa du salon et regardait la télé. Elle se hâte de terminer la vaisselle, puis se rend dans la chambre des enfants pour constater qu'ils dorment à poings fermés. Elle met un peu d'ordre dans leurs affaires, retire des mains de Malek son livre préféré pour le déposer sur la table de nuit, recouvre Kamel qui avait rejeté ses draps, puis éteint la lumière et sort en refermant la porte derrière elle. Taos sirotait un thé qu'elle accompagnait avec des fruits secs. Elle sourit à sa belle-fille et l'invite à venir s'asseoir près d'elle. -Tu dois être épuisée, ma pauvre fille. -Tu peux le dire, mais je suis comme toutes les femmes actives, un pied dehors, un autre à la maison. Que Dieu nous accorde une bonne santé pour nous permettre d'aller jusqu'au bout de notre mission de mère et d'épouse. -Je ne cesse de L'implorer à chacune de mes prières afin qu'il vous accorde à tous Sa clémence et Sa protection. Tu veux que je te verse un thé ? Meriem secoue la tête : -Non. Je vais plutôt me préparer une bonne tisane. -À ta guise. Tu devrais te mettre au lit au plus tôt aussi. -Je ne te vois pas souvent yemma Taos. Je devrais profiter de ta présence tant que tu es ici. Emue, la vieille femme essuie une larme. -Ma puce, ma chérie, je ne cesse de remercier Dieu de t'avoir comme belle-fille. Que dis-je, tu es ma fille, ma propre fille. Meriem sourit. -Tu ne m'apprends rien là-dessus. Je l'ai toujours bien ressenti. Elle cale un coussin dans le dos dans sa belle-mère et lui reverse du thé : -J'espère que tu vas prolonger ton séjour parmi nous, cette fois-ci. -Je l'espère moi aussi, si toutefois Houria ne me harcèle pas pour rentrer à la ferme, tu sais bien qu'elle n'aime pas trop rester seule. (À suivre) Y. H.