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La mise en garde de l'écrivain Nabile Fares
Analyse anthropologique et psychanalytique sur le Maghreb
Publié dans Liberté le 13 - 10 - 2016

Avant de nous quitter le 30 août dernier, l'auteur a publié aux éditions Koukou, un livre consacré aux problématiques mémorielles, culturelles, identitaires et linguistiques, auxquelles est confrontée aujourd'hui cette région.

Avant de nous quitter, le 30 août dernier, Nabile Fares nous a confiés une analyse anthropologique et psychanalytique sur le Maghreb. Philosophe, sociologue, psychanalyste, écrivain et poète, ce dernier a en effet publié un essai aux éditions Koukou, intitulé « Maghreb, étrangeté et amazighité. De Gustave Flaubert, Louis Bertrand, Albert Camus, à Jean Amrouche, Mouloud Feraoun, Kateb Yacine et Abdelkébir Khatibi » (*). Un livre où il approfondit la réflexion sur les problématiques mémorielles, culturelles, identitaires et linguistiques, auxquelles est confrontée aujourd'hui cette région. Comme l'annonce l'écrivain Ali Chibani, dans la présentation de l'ouvrage, Nabile Fares, conscient « des préoccupations et des déchirements identitaires, idéologiques actuels », de l'angoisse des Algériens et des autres peuples maghrébins de « perdre leur ‘'unique'' culture, leur ‘'langue ancestrale'', ou d'être dominés par des politiques étrangères », et conscient également des lourdes conséquences des « dénis historiques », s'est beaucoup investi dans ce travail d'une actualité brûlante. Cette « réflexion passionnante et, sans doute, de bon goût, subversive » porte sur un espace aux noms multiples (Maghreb, Afrique du Nord, Tamazgha ou Maghreb arabe), qui se distingue par « la singularité » des pays qui le composent. « Pour Nabile Farès, le Maghreb est le territoire qui doit naître à son étrangeté, inscrite dans son nom même », précise encore le maître de conférences en littérature comparée.
« La texture arabo-islamique ne suffit pas à définir le Maghreb »
Dans l'ouvrage de Nabile Fares, le constat est établi : le Maghreb « souffre d'une méconnaissance véritable » et nécessite une approche de la réalité, en prenant en compte, non seulement la linguistique, l'ethnologie, l'histoire et la sociologie, mais également l'anthropologie, la littérature, la psychanalyse et les relations entre ces éléments. Il insiste en outre sur l'importance des « transformations socioculturelles et politiques ». Pour l'auteur, la littérature maghrébine de langue française, témoin de « cette étrangeté constitutive au Maghreb et du Maghreb », « est une anthropologie des civilisations oubliées » de cette région. Plus loin, il atteste que quelque chose d'« occulté » entoure la personnalité maghrébine, en pointant du doigt cette « texture arabo-islamique » qui « ne suffit pas plus à définir le Maghreb ». Le Maghreb actuel, d'après lui, renferme les « catégories de l'arabe, du berbère et de l'hébreu », de même que « les catégories du français, du social, de l'économique, de l'imaginaire, du politique et du symbolique ». Nabile Fares en arrive ensuite à se demander si « l'intrusion européenne » au Maghreb, à travers sa démarche brutale et outrageuse, n'a pas pesé justement « dans les modes accentués d'une personnalité arabo-islamique ». Pour ce qui est du retard « historique » maghrébin, il serait lié à celui de l'histoire de « la pensée maghrébine », une pensée vidée de « la légitimité ».
Dans « Maghreb, étrangeté et amazighité », l'auteur examine de très près la littérature coloniale, à travers les écrits de certains écrivains français (Flaubert, Bertrand, Camus...) et note qu'elle est « une idéologie inaugurant un système d'idées qui constitue le contenus, les éléments de représentation, pour défendre une formation sociale », « un mode de défense réactionnel à une déception historique » (référence faite à la défaite de 1870 contre la Prusse et aux événements de la Commune, ndlr) tendant à définir « un rapport d'identité absolue : la Grande France. »
Nécessités et libertés actuelles
A l'inverse, la littérature maghrébine coloniale d'expression française se distingue par cette « particularité de l'apprentissage linguistique du français », où la « transmission culturelle » a été vitale et où « le rapport à la blessure et à l'échec historique » a été entier. Dans cette « littérature de naissance », soutient Nabile Fares, dire l'histoire de soi « constitue la réponse première à l'événement colonial d'un déplacement de l'identité et de la nomination », avant de laisser le pas à « l'écrit de résistance ». Dans son va-et-vient entre le passé et le présent, l'auteur apporte aussi les éclairages et précisions nécessaires, notamment sur l'espace de « colonité » et sur l'acculturation. L'« acculturation présente, écrit-il, n'est pas réductible à celle d'une position binaire Orient-Occident, mais bien plus largement étendue à la scission des représentativités culturelles et des formes symboliques incarnées dans le réel, soit par des figures personnalisées, soit par des discours religieux, politiques, moraux, éducatifs ». Elle ne saurait être limitée, selon lui, à « une forme culturelle » (le Maghreb, l'Islam), mais au « décalage entre les formes de l'idéologie sociale, les formes du travail social, les formes de productions sociales ». En guise de conclusion, Nabile Fares soutient que les « fractures, énigmes, interrogations » portées par les littératures francophones « issues critiques des colonisations », nous permettent de « penser » les identités des individus singuliers et sociétaux, comme des lieux « ouverts aux devenirs des sociétés intéressées à développer des champs de mémoires, d'histoires, de langues, de cultures » et de saisir les « malaises identitaires, psychiques, maladies psychosomatiques). » L'auteur prévient cependant contre les « délires totalitaires et impériaux, responsables des destructions, malheurs, désarrois, d'aujourd'hui », en prônant de « développer ces ouvertures mémorielles, historiques, culturelles, linguistiques », francophone comprise, afin de « restituer aux mouvements des devenirs, leurs nécessités et libertés actuelles ».
Presque méconnu dans son pays, l'Algérie, Nabile Fares, 76 ans, auteur-phare de la littérature maghrébine postcoloniale d'expression française, laisse derrière lui une œuvre riche et exigeante, où la réflexion sur l'émancipation des peuples du Maghreb se taille la part du lion.
Un livre à lire absolument !

Hafida Ameyar

« Maghreb, étrangeté et amazighité. De Gustave Flaubert, Louis Bertrand, Albert Camus, à Jean Amrouche, Mouloud Feraoun, Kateb Yacine et Abdelkébir Khatibi », de Nabile Fares,
Editions Koukou, 2016, 277 pages, 800 DA.


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