L'opinion s'est enflammée au fur et à mesure de hashtags et de posts sans possibilité de vérifier leur véracité, en l'absence de toute communication officielle. Encore fois, c'est à travers Facebook que les Algériens communiquent leurs appréhensions, répandent la rumeur et atteignant presque le stade de la paranoïa tant l'information se propage vite sans besoin d'être vérifiée ou confirmée. Les perturbations enregistrées, avant-hier, à Béjaïa ont, ainsi, réussi à provoquer une panique générale enflammant la toile durant une grande partie de la journée du dimanche y compris à une heure avancée de la soirée. Des émeutes qui auraient éclaté au 1er-Mai, à Bab El-Oued, aux Deux-Moulins pas loin de Bologhine ou encore à Aïn Benian sans que personne soit en mesure de dire avec exactitude ce qu'il en est. Un internaute avance et l'autre dément, et c'est une pluie de commentaires qui s'ensuit, allant des plus logiques aux plus farfelus, révélant un état de malaise qui en dit long sur le mental et le moral des Algériens. D'aucuns se demandent s'il s'agit de manipulation, d'un complot bien orchestré afin de déstabiliser le pays, ou d'un simple coup de gueule, d'un ras-le-bol comme il nous arrive de lire sur les réseaux sociaux. Sur le fil Tweeter, les avis sont partagés, également, entre ceux qui dénoncent la violence et les dérives de la part des manifestants et ceux qui ont appelé ou soutenu le mouvement de grève, mais aussi et surtout sur des échauffourées qui auraient fait des nids un peu partout à travers les quartiers de la capitale avec le hashtag suivant "adrab oua la toukharib" (frappe mais ne saccage pas), ou encore "non à la violence". Face à ce contenu, l'opinion s'est enflammée au fur et à mesure que les informations et les images étaient postées. Qu'elles soient vraies ou fausses, ces dernières atteignent l'objectif et font l'actualité, captant toutes les attentions et suscitant des émotions et des avis mitigés et provoquent parfois même... de l'affolement. Ce qui est sûr, c'est que personne ne reste indifférent devant cette déferlante, à plus forte raison qu'ils ne sont pas moins de 17 millions d'Algériens à disposer d'un compte Facebook, 4 autres millions d'un compte Twitter, 7,5 millions sont sur Instagram et 9,7 millions d'utilisateurs sur YouTube. C'est dire toute la force d'un vivier qui constitue une arme à double tranchant. Or, les autorités auraient pu mettre un terme à cela en communiquant via une institution unique, à l'image du ministère de l'Intérieur, ce qui aurait pu rassurer les gens. Il est même aberrant de relever que la dernière publication de la page Facebook de la Gendarmerie nationale date du 28 mars 2016 et celle de la police n'est qu'une revue de presse. "Il faut savoir qu'un réseau social suppose que n'importe qui peut y introduire du contenu sans que cela soit forcement vérifiable. Tout le reste s'opère à travers des recoupements à travers les échanges des utilisateurs eux-mêmes et ça reste toujours de l'approximatif", nous a déclaré, pour sa part, Iheb Tekkour, spécialiste des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Interpellé sur le sujet, il soutient sans détour : "Dans des situations aussi délicates, l'intervention d'une institution officielle aurait été souhaitée pour rassurer et calmer les esprits. La présence des autorités à travers les médias sociaux servent aussi à cela et nous n'aurions rien inventé, car cela se fait dans tous les pays du monde." Nabila Saïdoun