Arrivé en Algérie sous le feu des critiques d'une bonne partie des observateurs, des consultants et de la presse, dubitative devant le choix de la FAF de jeter son dévolu sur un technicien espagnol au CV mitigé et tout juste débarqué de Grenade, le nouveau sélectionneur national Lucas Alcaraz veut convaincre. Rapidement. Scruté, tout comme l'est du reste son parrain et employeur Kheireddine Zetchi, fraîchement intronisé à la tête de la Fédération algérienne de football, Alcaraz est déjà dans les starting-blocks en perspective des deux prochaines sorties de l'EN contre la Guinée en match amical et contre le Togo, pour le compte de la première rencontre des éliminatoires de la CAN 2019, pour laquelle Zetchi nourrit des ambitions déjà exprimées. Dimanche, en compagnie de ses deux assesseurs espagnols Jesus Canadas et Miguel Angel Campos, ainsi que Réda Gritli, l'entraîneur intérimaire des gardiens de but, il a dirigé sa première séance d'entraînement à l'occasion du premier jour du stage de l'équipe nationale des locaux. Un regroupement pour lequel 23 joueurs, tous issus du championnat nationale de Ligue 1, ont été conviés. Dans le beau centre technique national de Sidi Moussa, la presse n'est malheureusement pas conviée pour couvrir les premiers pas d'Alcaraz avec les Verts ; seuls les membres de la commission médias de la FAF sont autorisés à immortaliser et rendre compte du travail accompli à travers le site internet de la FAF. On y découvre notamment dans un style laconique que pour le premier jour par exemple qu'Alcaraz "a tenu une causerie avec les joueurs à l'amphithéâtre Omar-Kezzal avant d'entamer le travail sur l'un des terrains du CTN. Echauffement, exercices avec ballon et opposition entre les joueurs ont constitué l'essentiel de cette première séance". Qu'en outre, "touché à la cuisse à la fin du match USMA-CAB, Mohamed Rabie Meftah est venu blessé au stage de l'équipe nationale des locaux". Que "lundi matin le groupe a été scindé en deux : un groupe a travaillé à la salle de musculation avec le préparateur physique et un autre sur le terrain de l'équipe du FLN avec des exercices tactiques expliqués préalablement par le sélectionneur national sur vidéo. À 17h, le groupe qui a travaillé à la salle de musculation s'est entraîné sur le terrain de l'équipe du FLN, et le groupe qui s'est entraîné sur le terrain a rejoint la salle de musculation. Il faut préciser que les exercices auxquels ont été soumis les joueurs de l'équipe nationale étaient légers, vu qu'on est en pleine fin de saison". Et enfin que "profitant de la présence de l'équipe nationale U23 qui se prépare à rallier Bakou le 5 mai et dont le stage a débuté ce lundi 1er mai, le sélectionneur national Lucas Alcaraz a sollicité la DTN et le sélectionneur des U23 Ameur Chafik pour l'organisation d'une rencontre amicale. Cela lui permettra de connaître mieux les joueurs convoqués et même les jeunes joueurs des U23. La rencontre amicale se jouera ce matin au Centre technique national de Sidi Moussa, soit le dernier jour du stage de l'EN des locaux". Travail tactique et vidéos Bref, des informations certes utiles mais pas assez d'éléments il faut l'avouer pour pouvoir comprendre et expliquer la méthode Alcaraz, même si nos amis de la commission médias, Salah Aboud et Mohamed Saad, nous ont déjà confié qu'ils préféraient franchement que la presse soit autorisée au moins à couvrir le début des stages de l'EN. d'ailleurs , la presse est conviée ce matin à une rencontre avec les joueurs et le coach national. Qu'en est-il justement de la méthode Alcaraz ? Les premiers éléments recueillis auprès des joueurs notamment dressent le portrait d'un entraîneur "bosseur, méticuleux, perfectionniste, qui a le souci du détail mais qui a encore du mal à parler dans un langage clair avec les joueurs en raison du handicap de la langue". "En fait, il essaye de nous parler en français, mais il n'y arrive pas encore, alors le traducteur est là pour nous expliquer ce qu'il veut dire, mais vous savez le langage du football est simple, des fois nous comprenons juste avec des gestes. Ma foi, je dirais que le courant passe très bien, c'est un entraîneur qui cherche absolument à se faire comprendre. Par exemple, avant d'aller sur le terrain, le coach nous explique le travail tactique qu'il veut réaliser, à travers des vidéos. Des enregistrements de matches du championnat espagnol notamment. C'est un peu nouveau pour nous qui avons l'habitude d'aller directement sur le terrain. Il s'arrête sur chaque action, sur chaque geste d'un joueur pour dire si c'est bon ou non. À vrai dire, le coach prépare à l'avance son travail tactique, comme s'il s'agissait d'un cours théorique, avant de passer à la pratique sur le terrain. Et sur le terrain justement, toujours avec l'aide du traducteur, il n'hésite pas à arrêter les exercices, défense contre attaque, pour rectifier le tir ou insister sur un truc comme la vitesse d'exécution, la justesse du placement ou la passe. Il est omniprésent sur le terrain. C'est un passionné, c'est sûr", confie à Liberté un joueur sous le couvert évident de l'anonymat,. Il appelle les joueurs par leurs noms "Alcaraz semble être un entraîneur plutôt tacticien, tout se fait avec lui avec le ballon, même le travail physique sur le terrain se fait avec le ballon, c'est l'incarnation de la méthode espagnole, très technique. L'autre fois, nous avons fait un match d'application, croyez-moi, il est à cheval sur les détails. C'est clair, il veut connaître les joueurs locaux et avoir sa propre idée. Il a tenu aussi à nous rassurer que, pour lui, il n'y a pas de sélection des locaux et celle des expatriés. Il existe une seule sélection, regroupant les meilleurs joueurs algériens du moment, point barre. Pour nous, c'est tout de même rassurant", explique un autre sélectionné. En effet, lors de la causerie avec les joueurs qui a précédé la première séance d'entraînement à l'amphithéâtre Omar-Kezzal, Alcaraz a expliqué son projet.
Un discours rassurant mais ferme Après avoir tenté dans un premier temps de parler en français, il est passé à l'espagnol pour insister sur la nécessité d'accepter sa méthode. "J'attends de vous un engagement total et sans faille. Pour réussir avec moi, il faut respecter ma méthode et mes critères de performance et de travail. Il y a un règlement intérieur qu'il faudra naturellement respecter scrupuleusement. Je ne badine pas avec ça", martèle-t-il via le traducteur devant des joueurs, toute ouïe. Afin de mieux connaître ses joueurs, Alcaraz a exigé que les joueurs portent à l'entraînement des chasubles numérotées correspondant à des noms. "Il a vite mémorisé les noms et, croyez-moi, il appelle chaque joueur par son nom, ce qui a créé une certaine familiarité, mais il n'est pas aussi du genre à venir vous tapoter l'épaule, ce n'est pas son genre apparemment", témoigne un autre joueur. "Il écorche certes mon nom, mais lui au moins il essaye et c'est mieux comme ça", précise-t-il. En salle de musculation, Alcaraz insiste à ce que le travail soit léger en ces temps de fin de saison. "Ce sont des exercices nouveaux, de qualité, depuis 1995, j'ai rarement vu ce genre d'exercices, c'est de bon augure", témoigne un membre du staff médical. Pourvu que ça dure ! S. L.
