Massyle et son pendant Massylia sont deux prénoms d'origine berbère. Ils font partie des nouveaux prénoms apparus en Algérie au cours des années précédentes. Ils dérivent du nom de la tribu numide des Massyles qui, au cours de l'Antiquité, avait fondé un royaume au nord-est de l'Algérie, vers le 3e siècle avant J.-C. La plus ancienne mention de ce royaume figure dans Fragmenta historicum Graecorum d'Hésianax. On sait aussi, par un autre auteur antique, Isidore de Séville, qu'il y avait une ville, au nord de l'Atlas qui portait le nom de Massylia. C'est peut-être à cette ville ou à son territoire que la tribu doit son nom. Un autre royaume numide, les Massaessyles, fut l'adversaire des Massyles. Les Carthaginois, comme les Romains, attisèrent les rivalités entre les deux royaumes. Les Massyles finirent par vaincre les Massaessyles et s'emparer de leur territoire. La figure dominante des Massyles fut Massinissa, fils de Gaïa, mais avant de devenir le roi puissant que connaît l'histoire, il avait dû mener un très long combat. Son principal adversaire fut Syphax, roi des Massaessyles qui, après avoir prêté main-forte à ses adversaires, s'était emparé de son royaume. Comme Syphax s'était allié aux Carthaginois, Massinissa se rangea du côté des Romains : il put ainsi le vaincre et constituer son Etat. Il participa à la défaite des Carthaginois à Zama, ce qui lui permit de récupérer la totalité des territoires numides enlevés à son père. L'œuvre sociale et politique de Massinissa fut immense. Il récupéra non seulement les territoires qui avaient été enlevés à son père mais il sédentarisa les Berbères et les unifia, il édifia son Etat et le dota d'institutions inspirées de celles de Rome et de Carthage, il entretint une armée régulière et une flotte, il fit frapper une monnaie nationale. Il encouragea la littérature et les arts, envoya ses enfants étudier en Grèce et reçut à sa cour de nombreux artistes étrangers. S'il respecta les traités qu'il passait, il proclama, contre les avidités étrangères, que l'Afrique devait appartenir aux Africains. À sa mort, ses sujets lui dressèrent un imposant mausolée à quelques kilomètres de sa capitale, Cirta, et un temple à Dougga. Le nom de Massyl est sans doute redevable de la racine berbère MSL, attestée dans l'onomastique depuis l'Antiquité. On note, sur les stèles la mention YMSl, sans doute Yemsel, orthographié par les Grecs et les Romains, Hiempsal, et au Moyen Âge Iamsal, Messala, Masselt, etc. On connaît, dans les parlers modernes, le kabyle msel "façonner, pétrir" et le targui timsal "lutte". M. A. Haddadou [email protected]