Ce prénom féminin d'origine arabe nous vient d'Orient. Il est d'introduction récente dans la nomenclature algérienne. Il vient de angham qui signifie "chant agréable et mélodieux''. Le chant et la musique ont occupé une place importante dans la civilisation musulmane. L'existence de chanteuses professionnelles est attestée en Arabie préislamique. Selon les légendes rapportées par les auteurs arabes, elles viendraient de ‘Âd, la cité disparue dans parle le Coran. Le mot qui les désigne, qayna, viendrait probablement de ghanna "chanter" mais on relève une analogie avec le mot assyrien qinîtu, qui désigne également la chanteuse. Si certaines chanteuses ne se produisaient que pour leurs maîtres, d'autres travaillaient dans les tavernes ou accompagnaient les marchands de vin ambulants. Avec l'Islam, l'interdiction du vin et les débats juridiques sur la licéité de la musique et du chant ont fait disparaître une bonne partie de ces qayna, mais le développement de la musique et des chants aux premiers siècles de l'Hégire allait les remettre en scène. Des écoles se chargeaient de la formation de musiciens et de chanteurs. Il y avait aussi, parmi les élèves, des femmes, libres et esclaves. Les qayna, qui se distinguaient par leur beauté et surtout leurs voix mélodieuses, se vendaient à prix d'or. On cite pour Médine ‘Azza et Jamila qui dirigeaient un chœur de qiyan et donnaient des concerts. Jamîla qui vivait à Médine au VIIe siècle avait appris le chant sans l'avoir étudié, en écoutant le célèbre chanteur Sâ'ib Khâthir qui était son voisin. Elle fonda une école de chant où se formèrent les plus célèbres chanteurs et chanteuses, tels Hababa et Sallâma. On la prenait pour arbitre pour juger d'un chant ou d'une poésie, et elle tenait un salon littéraire que fréquentaient des poètes. Un autre exemple célèbre est celui de Hababa, qayna du calife omeyyade Yazîd ben Abd al-Malik. Elle mourut accidentellement en avalant de travers un grain de grenade. De désespoir, Yazîd ne lui survécut pas. L'Andalousie et le Maghreb ont connu également le phénomène des qayna. Aujourd'hui, ce corps disparu avec l'abolition de l'esclavage, a survécut au Maghreb avec les shîkhât ou meddahât, chanteuses et musiciennes professionnelles, qui se produisent durant les fêtes. M. A. Haddadou [email protected]