Avec "un point mort" fiscal supérieur à 90 dollars le baril, l'ajustement de l'économie algérienne à la nouvelle donne pétrolière s'annonce long et délicat, estime Stéphane Alby, économiste de BNP Paribas, dans un article publié dans le dernier Eco Emerging de la banque. Néanmoins, atténue l'économiste, "les autorités se sont décidées à réagir". Alors que les dépenses budgétaires avaient continué de croître fortement en 2015 pour atteindre le niveau historiquement élevé de 46% du PIB, elles se seraient contractées de 4% en termes nominaux l'an dernier. C'est certes inférieur à l'objectif initial de baisse de 9% voté dans le budget. "Mais ces premières coupes associées à la croissance soutenue des recettes hors hydrocarbures ont permis d'enrayer la dynamique de dégradation des comptes publics, et ce, dans un contexte de chute continue des cours du pétrole. De fait, le déficit budgétaire s'est légèrement réduit à 13,7% du PIB après avoir culminé à 15,4% en 2015", relève Stéphane Alby. L'économiste prévoit que "si le niveau du déficit reste préoccupant, il devrait encore baisser dans les années à venir, sous réserve que les cours du pétrole ne rechutent pas brutalement". Selon ses prévisions, le déficit budgétaire atteindrait 6,5% du PIB en 2019. À première vue, relève M. Alby, les bons chiffres de croissance (3,8% en 2015, 3,5% en 2016) traduisent une certaine résilience de l'économie algérienne au choc pétrolier. Cependant, souligne-t-il, "la dynamique d'ensemble en 2016 est trompeuse puisqu'elle masque un net fléchissement de la croissance hors hydrocarbures, qui, à 2,9%, a atteint son plus bas niveau depuis le début des années 2000". Il estime que l'effet de support du secteur des hydrocarbures devrait s'amenuiser dans la mesure où une partie du rebond de l'an dernier résulte de la normalisation de la production du site gazier touché par les attentats de 2013. "La croissance économique a été revue à la baisse à 2% sur les deux prochaines années et les risques qui entourent ces prévisions sont élevés", souligne Stéphane Alby. "En respectant les objectifs fixés par le gouvernement, la croissance économique ne serait que de 1% en moyenne en 2017-2018. Elle pourrait même tomber à 0,3% en 2018 pour le secteur hors hydrocarbures, ce qui ferait non seulement peser un risque sur l'emploi et donc sur le climat social, mais aussi sur la stabilité du système financier", écrit l'économiste, citant la dernière revue du FMI sur l'Algérie. M. R.