Après avoir repris, sans combat, vendredi, des positions où les peshmergas s'étaient installés dans le chaos créé par la percée fulgurante des terroristes de Daech en juin 2014, les forces irakiennes leur ont lancé un ultimatum hier pour quitter les autres zones qu'elles occupent à Kirkouk. Les forces irakiennes et les kurdes se faisaient hier face dans la province disputée de Kirkouk, au dernier jour de l'ultimatum donné par Bagdad aux peshmergas pour se retirer des zones prises il y a trois ans, tandis que Washington tentait de calmer les tensions. L'avancée des colonnes de chars et de blindés des forces gouvernementales et paramilitaires irakiennes s'est faite alors que les peshmergas s'étaient retirés dans la nuit. Ces forces sont "chargées de se redéployer dans les positions qu'elles occupaient avant le 9 juin 2014", et cela, "sur ordre de l'état-major", a indiqué Ahmed al-Assadi, porte-parole des unités paramilitaires du Hachd al-Chaâbi, une coalition alliée de Bagdad et formée en 2014 pour contrer la progression du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique. "Le temps imparti aux peshmergas pour revenir à leurs positions d'avant le 9 juin 2014 et remettre ces bases aux forces gouvernementales s'achèvera dans la nuit" de samedi à dimanche, a prévenu un haut responsable kurde qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat. D'un côté, le Premier ministre irakien, Haîder al-Abadi, assure ne pas vouloir "mener une guerre contre (les) Kurdes", et de l'autre Erbil rétorque que "l'escalade ne viendra pas de (sa) part". Il n'en demeure pas moins que les autorités de la région autonome du Kurdistan comme du gouvernement à Bagdad ont massé leurs troupes dans la province disputée. Rappelons que c'est dans cette province pétrolière de Kirkouk que les tensions s'étaient concentrées le 25 septembre, jour du référendum d'indépendance kurde. Celui-ci, dénoncé par Bagdad, avait été organisé par le gouverneur de Kirkouk, limogé par Bagdad mais resté à son poste. À l'approche de la fin de l'ultimatum, les Etats-Unis, qui ont des troupes déployées aussi bien aux côtés de l'armée irakienne que des peshmergas, assurent vouloir calmer les tensions. Le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, a affirmé que son pays essayait de "calmer les choses et de voir comment nous pouvons aller de l'avant sans perdre l'ennemi de vue", en référence à l'EI que la coalition internationale dirigée par Washington combat depuis 2014. Les tensions entre le gouvernement de Bagdad et les nationalistes kurdes "sont anciennes" et c'est le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson qui dirige les efforts des Etats-Unis pour tenter de faire retomber la pression, a-t-il dit. Les soldats américains sur place "tentent eux aussi de s'assurer que tout conflit potentiel est écarté". Si les forces massées dans la province de Kirkouk ne se sont pas affrontées jusqu'alors, des incidents ont eu lieu ailleurs dans le pays. Dans la nuit de vendredi à samedi, des échanges de tirs ont eu lieu à Touz Khormatou, une ville de la province voisine de Salaheddine, entre des membres du Hachd al-Chaabi et des peshmergas, a rapporté la municipalité. Merzak T./Agences