"Au début, c'est aux miens que je voulais dédier ces écrits. Je pensais le faire sous forme de simple missive... mais, lorsqu'ils ont pris connaissance du contenu, ils ont exprimé le souhait de tout publier" Avant de devenir haut fonctionnaire après l'indépendance, Abdelouaheb Guedmani était membre de l'ALN dès 1956. Natif de Annaba, il a vécu son enfance à El-Harrouch, près de Skikda. Il y fréquenta l'école primaire puis rejoignit le collège de garçons de Constantine, actuel lycée Yughurta. C'est en 2016 que Guedmani écrit Parcours d'un combattant de la libération paru aux Editions Casbah. "Au début, c'est aux miens que je voulais dédier ces écrits. Je pensais le faire sous forme de simple missive... mais, lorsqu'ils ont pris connaissance du contenu, ils ont exprimé le souhait de tout publier" précise-t-il. Ce faisant, il rejoint fort heureusement les anciens de l'ALN qui ont choisi de livrer leurs témoignages sur bien des aspects de la guerre de Libération nationale. L'ouvrage de Guedmani embrasse toute la période de 1954 à 1962 sur la base de son expérience dans l'Est algérien et en Tunisie. Cependant, nous nous intéresserons surtout à des volets particuliers de son récit. On apprendra ainsi que l'auteur a tenté de rejoindre les maquis en 1955 et qu'il a été renvoyé chez lui en raison de son jeune âge. La seconde tentative, à la suite de la grève des étudiants en 1956, fut la bonne. Grabès, le moudjahid chargé de le conduire au maquis était "en tenue militaire réglementaire, coiffé d'un chapeau de brousse et armé d'un fusil de marque anglaise, qu'on appelait fusil 202... Il me salua en me souhaitant chaleureusement la bienvenue avec un large sourire bien sympathique". L'auteur découvrira l'usage du mot de passe dans les contacts entre les combattants. Ainsi, il apprendra que celui que ses compagnons avaient utilisé pour l'infiltrer dans le maquis était "Jughurta-Massinissa". Dès sa première nuit, il rencontra Ali Kafi, un des adjoints de Zirout Youcef, qui lui promit de le ramener le lendemain chez lui, en raison encore de son jeune âge. Mais sa volonté de rester l'emporta devant les responsables qui décidèrent de lui faire prêter serment de fidélité à la patrie. Le voilà définitivement intégré dans la glorieuse ALN, au poste de commandement de Chekayel, dans la Wilaya II. "Un matin, le colonel Zirout Youcef en personne vint au grand hangar qui servait de siège à l'intendance du campement où j'étais provisoirement affecté afin de me remettre un pistolet à barillet à cinq cartouches de calibre 8 millimètres". Dans cette partie de l'ouvrage, les noms des héros de la Guerre de libération défileront au gré des pages : Didouche Mourad, Zighout Youcef, Ali Mendjelli et bien d'autres qui rappelleront aux lecteurs qu'une génération entière de leurs compatriotes s'est sacrifiée pour l'idéal de liberté. Le jeune combattant Guedmani va parcourir les maquis, se voir affecté à des missions diverses, participer à des batailles comme celle du douar Chekayel, franchir la frontière vers la Tunisie, puis revenir de nouveau à l'intérieur. Le livre consacre un chapitre à "l'arrivée des officiers déserteurs de l'armée et des grandes écoles militaires françaises". Ces officiers voulaient-ils se placer pour occuper des postes importants après l'indépendance, comme il se colporte ? L'auteur évoque cet aspect, tout en précisant que "beaucoup d'entre eux ont commandé avec brio des unités aux frontières et ont servi leur pays comme il se doit". Autobiographique, Parcours d'un combattant de la libération est à lire par toutes les personnes avides d'informations sur la Révolution de Novembre 1954. ALI BEDRICI Parcours d'un combattant de la libération, de Abdelouaheb Guedmani- Editions Casbah-332 pages-2016.
