Après les nombreuses réactions de dénonciation, provoquées par la mise sous scellés des locaux de deux associations féminines à Oran, l'association Femmes revendiquant leurs droits (Fard) et l'Association féminine pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de la citoyenneté (Afepec), l'administration locale a, semble-t-il, fait marche arrière en levant, hier matin, lesdits scellés. L'administration a fait état d'un arrêté du wali levant les scellés pour "une ouverture des locaux à titre provisoire". Ce qui laisse entendre clairement qu'aux yeux des services de la Drag de la wilaya, les deux associations n'auraient toujours pas réglé leur situation administrative s'agissant de "l'absence des agréments permettant aux associations d'activer officiellement". Argument contesté par les associations, d'où la réaction de désapprobation de nombre d'acteurs de la société civile et de la Laddh qui dénoncent la duplicité de la part de l'administration qui ne répond pas aux dépôts des dossiers ni n'accepte de transmettre des récépissés. Joints par téléphone, les membres de l'association Fard ont expliqué avoir été contactés, ce lundi soir, par le délégué de la sûreté de wilaya "pour un règlement de l'affaire avec le dépôt d'un recours pour permettre la levée des scellés". Si pour l'association Fard, qui avait enclenché une procédure judiciaire en référé, le recours a été transmis, l'Afepec s'est, elle, refusée à le faire, demandant à rencontrer le Drag de la wilaya d'Oran. L'association Fard, qui a toujours affirmé être en possession d'un récépissé justifiant et prouvant le dépôt de son dossier pour mise en conformité avec la loi 12-06 sur les associations, précise que le recours à la justice sera maintenu avec, pour cette fois-ci, une action sur le fond devant le tribunal administratif. La tournure prise par ces deux affaires et le rétropédalage de l'administration ne peuvent s'expliquer que par les réactions de nombreuses parties y compris celle du très officiel Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) qui, dans un communiqué, avait estimé que la mise sous scellés des locaux a été "une mesure restrictive des activités associées à la vie associative", demandant à l'administration de "revoir cette mesure administrative qui restreint les activités associées à la vie associative, consacrées par la Constitution". Or, il est clair que ce communiqué n'a pu être pris qu'au terme des réactions et des éléments avancés par les deux associations qui avaient déposé leur dossier de renouvellement d'agrément, l'une s'étant vu remettre un récépissé, l'autre attendant une réponse. D. LOUKIL