Ahmed Edabir, dont le domicile ne désemplit pas depuis ses dernières sorties médiatiques, a annoncé d'autres rassemblements pour faire aboutir ses revendications. L'imposant rassemblement tenu avant-hier par la population de l'Ahaggar, à la Maison de la culture de la ville de Tamanrasset, a permis, certainement, de redessiner la première ébauche du changement dans la wilaya de Tamanrasset, mais surtout de redonner à l'Amenokal Ahmed Edabir le pouvoir d'infléchir le régime en place qui a feint d'ignorer ce statut identitaire pour laisser les autres occuper la scène politique. L'Amenokal ne compte pas en rester là, puisqu'il envisage de continuer sur la même lancée afin de faire valoir toutes les revendications formulées ce 17 mars. D'autres réunions sont ainsi prévues à son domicile qui ne désemplit pas depuis sa première sortie médiatique, accordée, faut-il le noter, exclusivement à Liberté, le 24 février dernier. M. Edabir a même désigné des personnes devant être chargées de l'organisation et de l'évaluation des prochains mouvements de protestation si les autorités compétentes continuent de cultiver l'indifférence. Pour montrer la gravité de la situation et les limites de sa tolérance, l'Amenokal a exigé de l'Etat une commission d'enquête urgente afin de mettre un terme aux "dépassements" enregistrés dans la région. La commission, devant être installée sous condition de comprendre des membres proposés par l'autorité traditionnelle, se penchera sur tous les dossiers évoqués au terme du rassemblement, nous dit M. Edabir, en insistant sur l'aspect apolitique de cette démarche à laquelle a inconditionnellement adhéré la population du Hoggar dans toute sa composante. Signalons qu'à l'issue de cette rencontre décisive, une proclamation récapitulant l'ensemble des doléances soulevées nous a été remise. Axé sur six points essentiels, le document parle de "la nécessité de préserver la place de l'Amenokal et de ce statut traditionnel et central dans l'histoire identitaire de la région, dont l'existence ne s'oppose aucunement aux institutions constitutionnelles de la République." Les rédacteurs du document n'ont pas manqué de rappeler que l'Amenokal a toujours été le rassembleur des forces éparses dans cette vaste région du Sud. Il a également été donné comme le garant de la stabilité et de la sécurité nationales. Revenant aux précédentes rencontres traitant des mêmes problèmes jusque-là non résolus, l'Amenokal fustige les autorités centrales et dénonce leur attitude autiste qui serait pour beaucoup dans "le déséquilibre régional", "l'injustice sociale" et "l'iniquité en matière de développement" notés dans les localités enclavées du fait qu'elles manquent du minimum de commodités de vie. De graves accusations ont été proférées à l'encontre de certains élus qui ne représentent, lit-on sur la même proclamation, qu'eux-mêmes. Comme pour expliquer que la légitimité de l'Amenokal est fondée sur la confiance du peuple et non sur "les urnes de l'obscurité, ou les élections de l'argent sale". Pour conclure, on a mis en garde contre tous ceux qui osent parler au nom des notables de la région et ceux qui investissent dans le dénigrement médiatique au nom de la liberté d'expression. RABAH KARECHE
