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Les Tunisiennes face à la menace intégriste
Conservatisme des juges, campagnes de bonnes mœurs…
Publié dans Liberté le 12 - 05 - 2005

Réputées pour être les femmes les plus émancipées du monde arabo-musulman, les Tunisiennes assistent impuissantes à l'érosion des droits concédés sous l'ère de Habib Bourguiba.
"Vous ne connaissez pas de jeunes filles dans votre pays qui accepteraient de m'épouser ? Ici, les femmes sont arrogantes”, déplore le chauffeur de taxi qui nous emmène à l'hôtel. Stigmatisant ses compatriotes, il s'emporte par la même occasion contre les lois édictées en leur faveur et qui, de son avis, font d'elles une caste supérieure extra muros, notamment dans les pays voisins, les Tunisiennes sont très enviées pour ce statut. Depuis 1959, année où fut promulgué par le président Habib Bourguiba le code personnel, les Tunisiennes sont réputées de par le monde comme les femmes les plus émancipées de la sphère arabo-musulmane. Pourtant, nombre d'entre elles sont aujourd'hui nostalgiques de cette époque où certaines encore enfants ont vu leur mère sortir tête nue dans la rue pour la première fois. Moufida, professeur de français, bouillonne. Dans sa classe, chaque jour se profile dans les rangs un visage voilé. Face aux atermoiements des autorités, la société civile réagit. Des mains anonymes ont collé sur les murs de la ville de Tunis des copies d'un timbre datant de 1959 montrant une femme arrachant son haïk. “Nous constatons un véritable retour en arrière”, s'èlève Moufida devant ses compatriotes acquiesçantes. L'enseignante est l'une de celles innombrables qui ont pris la parole au cours du séminaire sur les femmes et les médias dans le Maghreb tenu dimanche et lundi derniers au siège de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). Unanimes, les militantes de cette organisation estiment que le pouvoir actuel utilise les droits concédés par Bourguiba comme un faire-valoir démocratique. De leur avis, la loi de 1959 est un alibi justifiant moult abus, dont la censure des voix discordantes. En tant que ONG militant pour les droits de la femme, l'ATFD figure au rang des pestiférés. Ses responsables sont tantôt décriées, tantôt inquiétées. Leur tort consiste à dénoncer systématiquement et publiquement les violences faites à leurs concitoyennes avec l'assentiment de médias dociles. Essia Belhassen, responsable de l'information au sein de l'ATFD, série un ensemble “de coups bas” et de coups de semonce destinés à asservir les femmes. Les campagnes de bonnes mœurs sporadiques lancées par le gouvernement, les intimidations dans les lieux publics, les violences conjugales… font partie des sanctions infligées aux femmes en quête d'émancipation. Quand l'ATFD tente de le dire, tout est entrepris pour l'en dissuader ou la faire taire. Initialement, la rencontre sur les femmes et les médias dans le Maghreb devait se dérouler dans l'hôtel Le Diplomate au centre de Tunis. Après avoir obtenu l'accord des gestionnaires, l'association s'est vu adresser un courrier d'annulation. Ce n'est pas la première fois que les autorités recourent à la fermeture des espaces publics devant l'ATFD en utilisant des prétextes ridicules. En désespoir de cause, elle a dû se rabattre sur son propre local. C'est à l'intérieur d'un salon exigu que les invitées d'Algérie (SOS Femmes en détresse) et du Maroc (l'Association marocaine pour les droits de la femme, AMDF) se sont serrées pour prospecter avec leurs camarades tunisiennes les voies leur permettant de faire entendre leur voix. Ni la présence de policiers aux alentours du siège de l'association ni la censure de la presse locale n'ont fléchi la volonté des présentes. Bien au contraire, elles étaient encouragées dans leur démarche par l'incursion rassurante de responsables d'ONG internationales, dont le président de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et le chef du bureau local d'Amnesty International, ainsi qu'un groupe d'audit venu à Tunis en perspective du Sommet mondial des sociétés de l'information — prévu en novembre prochain — et composé de représentants de l'Observatoire mondial contre la torture (OMCT), Press Freedom Comitee, l'Organisation mondiale des radios communautaires ainsi que de l'Association internationale des éditeurs. Comme les militantes de SOS Femmes en détresse et de l'AMDF, les convives des ONG internationales ont eu à constater avec regret, quelquefois avec stupéfaction que les femmes tunisiennes ne sont pas aussi enviables que cela. Bien que la loi soit en leur faveur, elles n'en profitent pas toujours. Leïla Hamrouni, avocate et militante de l'ATFD, a dressé un long réquisitoire contre les juges qui, souvent, interprètent la loi selon leur convenance et leurs préjugés. “Il y a un regain de conservatisme chez les magistrats”, confie-t-elle indignée. La frustration résultant de la domination prétendue des femmes est-elle à l'origine de cette attitude conformiste ? Comme notre chauffeur de taxi, les juges pensent-ils que le sexe faible a acquis trop de pouvoir ? Sont-ils à leur tour influencés par les chaînes satellitaires orientales distillant un discours intégriste ? Si Me Hamrouni n'évoque pas les raisons d'une telle régression, elle se penche sur ses manifestations. Selon elle, les magistrats tendent à dépénaliser les méfaits des hommes qui, à titre d'illustration, refusent d'octroyer des logements à leur ex-épouse et à leurs enfants ou refusent de leur verser la pension alimentaire. Prenant volontiers le parti des maris, les juges les obligent uniquement à s'acquitter d'une indemnisation dérisoire. Familiarisée avec ce genre de pratiques, Me Hamrouni est scandalisée. Le sort des femmes analphabètes et ne connaissant pas la loi la heurte particulièrement. Mais à qui le dire ? Comment faire pour les aider alors que toutes les voies de recours sont obturées ? Chaque semaine, la Télévision tunisienne diffuse une émission s'adressant aux femmes et animée par un juriste-conseil. Faisant l'impasse sur les chapitres progressistes de la loi, il exhorte ses concitoyennes à s'imprégner des préceptes de la charia…, leur seule voie de salut.
S. L.


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