Les médecins résidents poursuivent inlassablement leur mouvement. Ils organiseront, demain, une nouvelle manifestation pacifique d'envergure nationale à Alger. Selon le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), l'action publique de protestation de demain, mardi, se veut un énième "appel solennel" à la première institution de la République pour débloquer la situation dans les hôpitaux. Les blouses blanches en grève depuis six mois ne désespèrent pas de voir la présidence de la République intervenir pour sauver "un système de santé déjà moribond et paralysé par la tutelle". Les médecins contestataires disent être conscients que les marches et autres rassemblements sur la voie publique sont interdits dans la capitale. Néanmoins, ils veulent faire entendre, une nouvelle fois, leur cause auprès de la première institution de la République. Dans un communiqué rendu public hier, le bureau national du Camra n'a pas précisé le lieu exact et le type de manifestation à organiser demain dans la capitale. Les délégués du Collectif estiment que cette action publique qui mobilisera l'ensemble des médecins grévistes, demeure l'unique moyen de pression pour faire aboutir leurs revendications et, du coup, arracher "les droits élémentaires des résidents trop longtemps bafoués". Il est attendu que les 15 000 résidents représentant les 14 CHU des wilayas du nord du pays, répondent favorablement au mot d'ordre appelant à cette marche pour "dénoncer avec fermeté les actes d'intimidation, les manœuvres administratives et les menaces orchestrées par les directeurs des structures hospitalières à leur encontre". Les futurs médecins spécialistes sont, tout de même, conscients de la décision prise de suspendre les activités de gardes dans les hôpitaux, après six longs mois de débrayage, et ce, pour alerter l'opinion publique et ainsi tirer "la sonnette d'alarme sur la situation qui ne cesse de s'enliser". Les sanctions administratives prises à l'encontre des résidents interviennent, soulignent-ils, dans un "contexte de tensions permanentes entretenues par un échec cuisant des négociations avec une tutelle feignant l'ouverture d'esprit et la sagesse". Les résidents en sciences médicales ne perçoivent pas, dit-on, leurs salaires depuis quatre mois. Ces "manœuvres administratives" n'ont finalement pas eu raison du mouvement du Camra qui, dit-on, demeure "déterminé à poursuivre pacifiquement la protestation". Plus loin, le Collectif des résidents n'a pas manqué de condamner la position passive de la corporation médicale face à la crise qui couve dans le secteur de la santé et qui "s'est euthanasié" par la nouvelle loi de santé votée à l'APN le 30 avril dernier, "sous le regard complice d'une corporation médicale calfeutrée dans un silence coupable révélateur d'ambitions funestes". Pour toutes ces raisons et bien d'autres, le Collectif autonome des résidents affiche une "détermination inébranlable" à poursuivre ses actions de terrain, tout en espérant un geste fort du président de la République pour rétablir les médecins résidents dans leurs droits. Cependant, il y a lieu de signaler que l'assemblée générale des résidents du CHU Mustapha-Pacha organisée hier à la faculté de médecine Mohamed-Maherzi (ex-Laperrine) n'a pas été menée à son terme. Les membres de l'AG ont interrompu leurs travaux, puisque leurs confrères d'Oran qui avaient initié une marche pacifique dans la matinée pour "dénoncer les atermoiements de la tutelle, ont été tabassés". "L'AG d'aujourd'hui (hier, ndlr) a été suspendue. Nous ne pouvons pas continuer à travailler alors que nos confrères d'Oranie sont violemment réprimés, et ce, bien que les marches soient autorisées en dehors d'Alger. Alors nous avons tenté de tenir un sit-in à la place du 1er-Mai pour dénoncer une nouvelle fois la violence. Nous sommes vraiment outrés par ce qui vient de se passer à Oran. On tabasse la crème de la société. C'est scandaleux", déplorera le Dr Taïleb, porte-parole du Camra. Rappelons enfin qu'hier, l'AG d'Alger a, outre les résidents, réuni les externes et les internes. Lors de cette assemblée, les participants devaient aborder, outre la stratégie globale à adopter quant au devenir du mouvement du Camra, la situation des résidents sans salaires depuis des mois et qui nécessitent une aide financière à l'approche du mois de Ramadhan. Les animateurs de l'AG devaient, d'ailleurs, lancer un appel pour aider les futurs spécialistes en difficulté financière. Hanafi H.