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Un toit en attendant mieux
Une journée dans les camps des sinistrés du séisme de Boumerdès
Publié dans Liberté le 21 - 05 - 2005

Si beaucoup de sinistrés de Boumerdès ont hâte de retrouver leurs domiciles, d'autres veulent profiter de la situation pour ouvrir droit à l'accès au logement social.
La rumeur se fait de plus en plus insistante : “Les sinistrés de Boumerdès seront relogés, au plus tard, le 5 juillet prochain.” On chuchote çà et là que la reconstruction sera bientôt achevée. Tout l'espoir des familles est suspendu donc à la fête de l'Indépendance. Mais, seulement celles dont les habitations ont été complètement détruites par le séisme. Au site situé à proximité de la résidence universitaire de Corso, les citoyens sont plutôt satisfaits du traitement réservé à leurs dossiers par les autorités. Les anciens propriétaires des logements Eplf se disent même “très satisfaits” à l'instar de cette dame qui ne tarit pas d'éloges à l'égard de l'Entreprise de promotion du logement familial qui n'a pas ménagé ses efforts pour accorder toutes les facilités à ses clients. Certains d'entre eux ont même eu la possibilité d'opter pour l'achat d'une villa au Figuier avec une réduction de 20%, soit 70 millions de centimes sur le prix réel. Les sinistrés de la gare, eux aussi, vont bientôt rentrer chez eux. L'Opgi s'attelle à faire les toutes dernières retouches aux nouveaux bâtiments avant la remise des clefs. Rencontré devant son chalet, Mohamed soutiendra, que “l'Etat a fait son devoir”. Et les sinistrés, selon lui, “ne peuvent en demander plus”.
Au camp “188”, tous les sinistrés ont encaissé leurs indemnités, certains à temps et d'autres avec de légers retards. “Mais l'essentiel est fait”, lance M. Ourihane qui a perdu trois sœurs dans la tragédie du 21 mai 2003. “Nous sommes de vrais sinistrés. La plupart ont perdu des proches. Aujourd'hui, nous remercions Dieu car nous sommes bien pris en charge et je n'exagère en rien”, ajoute-t-il. À l'instar des autres sinistrés qui comptent rester au camp jusqu'à ce qu'ils terminent la reconstruction de leurs maisons individuelles, le jeune homme, dont les parents se verront très prochainement attribués un appartement du type F3, est tout heureux d'avoir obtenu de la part de l'APC de Corso l'autorisation de garder le chalet. Il suffit, soutient-il, “de présenter une fiche familiale pour avoir le quitus des autorités locales”. “Nous sommes une famille nombreuse et le logement que nous habitions était trop exigu. Promesse nous a été faite alors de nous trouver une solution”, ajoute notre interlocuteur qui nourrit l'espoir de voir les autorités locales “tenir leur engagement”. Selon lui, l'APC de Corso a fait savoir aux citoyens, étant dans la même situation que lui, qu'ils seront versés dans le “social”. C'est cette perspective, d'ailleurs, qui fait courir beaucoup de sinistrés ayant une famille nombreuse ou qui vivaient en location à Boumerdès avant le séisme du 21 mai 2003. Au camp de Gadouari à Corso, composé de 860 chalets, Rabah et Ayachi ayant respectivement 9 et 7 enfants caressent eux aussi l'espoir d'avoir un jour un toit. Etant d'anciens locataires, ils tiennent là la chance de leur vie. “C'est une occasion inespérée d'avoir une maison”, avouent-ils.
LA COURSE AUX... CHALETS
Ne sachant toujours pas s'ils font partie du lot des premiers bénéficiaires de l'opération de relogement, nos deux interlocuteurs souhaitent que “l'Etat regarde un peu de leur côté”. Les échéances leur importent peu, l'essentiel pour eux est d'être logés un jour. Dans le même site, depuis que l'on a commencé à parler de la formule “sociale” pour les familles nombreuses, c'est la course effrénée aux chalets. Selon des sinistrés, de nouveaux occupants, une dizaine selon des informations recueillies sur place, sont arrivés ces derniers temps. Certains citoyens qui ont rejoint leurs maisons confortées, ont tous “légué” leur chalets qui à ses enfants qui à son beau-fils. “Il y a même ceux qui ont loué ces habitations provisoires à des tiers alors que de vrais sinistrés sont mis à l'écart.”
Des exemples concrets, il en existe. À Corso, nous apprenons qu'une sinistrée a fait venir sa fille de Miliana. Une autre a cédé son chalet à son beau-fils de Blida. Rien d'étonnant pour Mohamed, rencontré devant son chalet à la cité des 800. “Ce comportement est tout à fait normal”, dit-il. “Nous ne nous mentons pas à nous-mêmes, nous les Algériens nous sommes tous faits comme ça. Il y a crise de logement et tout le monde veut profiter de l'aubaine qui se présente. Moi, j'aurais fait autant en pareilles circonstances”, s'est-il mis à défendre ces familles qui veulent coûte que coûte mettre leur progéniture à l'abri du besoin.
À la Sablière (385 chalets), où résident les rescapés des 1 200 logements de Boumerdès et de la coopérative du 11-Décembre, deux quartiers presque entièrement dévastés par le séisme du 21 mai 2003, les représentants des sinistrés relèvent plusieurs irrégularités. Implanté au bord de la mer, ce site offre une belle occasion à certains opportunistes de rentabiliser leurs chalets en les louant à des vacanciers. “Il y a plusieurs cas ici”, dénonce Mme Argoub, une sinistrée et membre du comité de quartier. Pour elle, “les autorités auraient dû faire des enquêtes pour empêcher que des personnes non nécessiteuses viennent s'installer dans ces camps pour louer, ensuite, leurs chalets à des tiers à 5 000 DA le mois”. Durant la saison estivale, cette pratique, affirme-t-elle, prend de l'ampleur. Les prix de la location flambent pour atteindre 5 millions de centimes par mois. Même s'il est difficile de débusquer ces sinistrés indélicats, ce genre de transaction se déroule bel et bien à la Sablière. Le même scénario se répète au Figuier et à S'ghirat.
SAUVE QUI PEUT
Mais non loin de là, c'est l'anarchie totale. À Zemmouri El-Bahri où il n'y a pas, contrairement à la ville de Boumerdès et de Corso, de comités de quartier, les sinistrés sont livrés à eux-mêmes. Deux pères de famille, rencontrés sur ce site, n'entrevoient pas le bout du tunnel. Etant d'anciens locataires, les deux citoyens affirment qu'ils se sentent abandonnés. “Nous ne savons rien de l'opération de relogement qui va être lancée prochainement. Ici, à défaut d'organisation, disent-il, c'est le sauve-qui-peut qui règne”. À un jet de pierre au site Tournier, les citoyens se plaignent des passe-droits et de l'octroi de chalets à des personnes étrangères. “Les enfants de Zemmouri sont marginalisés”, dénoncent-ils. “Le chalet 21” en est la preuve éclatante. Il est tout simplement transformé en cabinet médical au vu et au su de tous. “Ce chalet appartient à un sinistré qui semble l'avoir loué. Nous ne connaissons pas le montant de la transaction, mais ce qui est sûr, c'est que si cette personne n'est pas dans le besoin, qu'on le donne donc pour les nécessiteux”, soulignent les résidants de ce camp.
Des chalets loués ou attribués à tout-va sont nombreux ici, affirment encore nos interlocuteurs qui refusent de décliner leur identité par peur des représailles. “Nous craignons que nos dossiers soient bloqués”, lancent les sinistrés déroutés par les bruits qui courent sur “l'octroi de décisions d'attribution de logement en catimini”. “Des personnes bien introduites dans le cercle local de prise de décisions auraient déjà obtenu des affectations”, disent-ils. À Tidjelabine, les résidants du camp de Benifouda I et Benifouda II ne décolèrent pas, eux, qui estiment “avoir été laissés à l'abandon quelques semaines seulement après la catastrophe du 21 mai”. Le relogement dans des délais acceptables, la sécurité et la prise en charge psychologique des rescapés, sont autant de promesses non tenues par les autorités. À l'insécurité — il n'y a ni clôture ni de condition minimum d'hygiène — vient se greffer la peur des lendemains incertains. Ici, les sinistrés, qui demandent à ce que leurs logements soient reconstruits à l'endroit des bâtiments effondrés, n'ont toujours pas eu gain de cause. L'Opgi leur a signifié, affirment leurs représentants, qu'elle ne peut pas prendre en charge leurs doléances parce que son programme est très chargé, elle qui prend déjà en main la reconstruction des 1 200 logements de Boumerdès et les coopératives du quartier du 11-Décembre ainsi que d'autres projets sur lesquels elle s'est engagée. Cependant, les citoyens qui résident sur le site de Tidjelabine ne veulent pas entendre parler d'entrepreneurs privés étant donné que leurs anciens logements étaient construits par cet organisme public qu'est l'Opgi.
À quelques centaines de mètres de là, les sinistrés de Haï Louz, bien que bon nombre d'entre eux attendent une “solution sociale” à leur problème, vivent aussi dans l'expectative. Un père de famille rencontré sur place dit ignorer complètement son sort. Il fait partie de cette catégorie de citoyens qui attendent, peu importe le temps qu'ils passeront dans les chalets, un logement social.
La reconstruction par les chiffres
l 882 infrastructures publiques diverses, écoles, établissements de santé, structures universitaires et agences postales, endommagées. 65 complètement effondrées. Sur le total, 658 équipements sont réhabilités et confortés.
l 97 établissements scolaires reconstruits en préfabriqué, soit l'équivalent de 600 classes. 58 établissements en cours de reconstruction en dur.
Prise en charge des effets du séisme
l 68,7 milliards de dinars, environ 1 milliard de dollars, ont été accordés à la wilaya de Boumerdès.
K. D.


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