N'ayant toujours pas perçu leur salaire du mois d'avril dernier, les 250 ouvriers algériens que compte l'entreprise turque Ozgün, chargée de la réalisation des travaux de modernisation des gorges de Kherrata, sont en grève illimitée depuis lundi dernier. Leur mouvement de protestation ne se limite pas au blocage du chantier et de sa base de vie, mais aussi à l'empêchement d'une cinquantaine d'ouvriers de nationalité turque d'accéder à leur lieu de travail. "Nous ne pouvons continuer à travailler sans être payés. La majorité, pour ne pas exagérer, n'a plus de quoi nourrir ses enfants. D'autant plus que nous sommes en plein mois de Ramadhan, où le mode de vie nous exige plus d'argent. C'est pour cela que nous avons décidé de bloquer le chantier jusqu'à ce qu'on règle nos salaires", s'insurgent les ouvriers grévistes. Si les travailleurs protestataires réclament leurs salaires, les responsables de leur entreprise se plaignent, de leur côté, du non-paiement par l'Etat algérien de leurs situations de travaux qui se chiffrent à des milliards. On apprend de source proche de cette société turque que pas moins de 50% des créances détenues par cette dernière ne sont pas encore réglées par les pouvoirs publics, alors que le taux d'avancement des travaux au niveau de ce chantier a atteint les 80%. Cela étant dit, la grève illimitée qu'observent actuellement les 250 travailleurs nationaux risque de retarder sérieusement les délais de livraison de ce projet visant à contourner le passage par le tunnel de Kherrata, long de sept kilomètres. L'évitement de ce tunnel permettra, en effet, de mettre fin aux problèmes de congestion auxquels font face quotidiennement les usagers de la RN9, mais aussi de réduire le nombre effarant d'accidents de la circulation qu'enregistre ce passage souterrain reliant les deux communes limitrophes, Kherrata et Taskriout. KAMAL OUHNIA