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La paix inatteignable ?
Culture de la paix
Publié dans Liberté le 28 - 05 - 2018

La recherche de la paix et de la sécurité de la société est le but de la civilisation musulmane. Paix dans les cœurs, la vie sociale au sein de la communauté et mondiale, entre les peuples. Aujourd'hui, les tensions, les conflits, les violences dominent. C'est une grande contradiction. "Islam", terme de la même racine que le mot "paix", se veut modèle du vivre-ensemble paisible. Le Paradis lui-même est dénommé la Maison de la Paix.
Pourtant, dans la pratique des sociétés de notre sombre époque, la paix multiforme se fait rare, comme si elle était inatteignable. Les esprits sont troublés et les relations internationales perturbées. Il est urgent de rééduquer à la paix. La vertu de la paix est liée au savoir-être, le bel-agir, l'ihsan, qui permet d'obtenir un type d'homme source de biens.
Responsabilité collective
Chacun des acteurs de la société musulmane assume une part de responsabilité. Cinq secteurs sont particulièrement concernés par la formation à la paix : l'école, les médias, la mosquée, la culture, la politique. De leur discours, méthodes et actions dépend l'avenir. Le vivre-ensemble est possible si ces différents secteurs œuvrent de concert pour éduquer et former à la paix. Il est primordial que les politiques publiques et privées en matière d'orientation traduisent en actes pacifiques les aspirations des citoyens et des peuples à vivre en paix. Seul un effort collectif peut modifier les comportements dans le bon sens, afin de promouvoir le vivre-ensemble. La société moderne, devenue celle du spectacle et de la jouissance à tout prix, suscite des frustrations. Restaurer la paix et la confiance entre les individus et entre les peuples est une tâche immense. L'ignorance, l'exclusion, l'intolérance et les injustices sont les maux qui contredisent la paix. Cela implique de s'y attaquer en profondeur, par l'esprit scientifique et civique, le dialogue, la juste répartition des richesses, et les possibilités de s'élever dans l'échelle sociale. Les extrémismes de tout bord, les fanatiques croyants et les fanatiques athées sont des menaces qui pèsent sur la paix du monde.
La priorité à la culture et à l'éducation de la paix est parmi les bonnes réponses. La solution doit venir de la société elle-même et non pas imposée de l'extérieur. Pour former un citoyen responsable et paisible, tous les secteurs sont concernés. Chacun joue un rôle. Malgré les fracas de l'actualité et les contre-exemples, la civilisation musulmane de la paix doit être connue et appréciée.
Les obstacles
De grands obstacles partout dans le monde empêchent les sociétés de sortir des tensions et de l'état de non-paix : en premier lieu, la dictature du marché qui impose à tous de sombrer dans le seul profit sans éthique, au lieu d'œuvrer pour le bien commun. Cette logique funeste a un rôle destructeur dans le processus de recherche de la paix et de la cohésion sociale. La paix est conditionnée par la justice. Elle dépend des valeurs qui circulent dans la société. La paix sans normes et règles acceptées par tous ne peut advenir. Il faut rechercher l'intérêt commun pour corriger les dérives et assurer son avènement. Les cinq secteurs décisifs cités peuvent changent les règles et la nature du champ culturel et politique des pays. D'où que la civilisation musulmane ne délaisse aucun domaine. La réflexion sur le dialogue des cultures dans la construction de la paix est une démarche universelle. L'élite doit identifier les éléments ayant une influence positive ou négative sur un processus de cohabitation et de coexistence. Les influences négatives concernent l'ignorance, la propagande et l'incitation à la haine. Les influences positives concernent la médiation, la réconciliation et la mobilisation de l'opinion publique pour le dialogue et l'interconnaissance. Les élites scientifiques, politiques, culturelles et religieuses ont pour tâche de soutenir tout processus de prévention et de résolution des crises. Cela passe, selon la civilisation musulmane, par le respect de la pluralité des chemins historiques, culturels et spirituels et de la dignité des peuples.
Paix et pluralisme sont liés
Selon l'islam, le pluralisme est un don et une épreuve : "Si Dieu l'avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté, mais il a voulu vous éprouver par le don de la différence, courez les uns les autres vers les bonnes actions, un jour Il vous expliquera les raisons de vos différences." C'est un appel à l'humilité et au respect du droit à la différence pour fonder la paix.
Le Coran exige de dialoguer avec bienveillance : "Dialogue avec eux de la meilleure façon ! Seul ton Seigneur sait qui est égaré loin de Son chemin, il est le Seul à reconnaître les bien-guidés" et ajoute : "Il guide à Sa Lumière qui Il veut."
Il recommande le rapprochement pour sortir des préjugés et de l'égocentrisme : "Dis-leur : venez à une parole commune juste." Il ordonne de respecter la liberté d'autrui : "Nulle contrainte en religion" et "Croit qui veut et nie qui veut." La civilisation musulmane éduque à la vigilance pour bâtir la paix. Ses textes et l'histoire l'attestent. Forger des citoyens paisibles et constructifs, aptes à assumer le vivre-ensemble, passe par le débat.
La ligne dominante du troisième rameau monothéiste depuis quinze siècles n'a pas été la violence, le fondamentalisme et l'extrémisme, mais la voie pacifique, qui semble perdue de vue. Il interpelle le monde, en précisant qu'il ne nie pas les autres grandes traditions spirituelles, mais les accomplit, les confirme, les rappelle, malgré des différences, des controverses et le souci du dépassement. Vouloir vivre en paix ce n'est pas se nier ou abdiquer.
Des mythes, des préjugés et l'égarement d'intellectuels modernistes faustiens et de prédicateurs rigoristes et groupes violents ont rendu inintelligible le paradigme musulman de l'éducation pacifique. C'est une priorité de comprendre et redécouvrir le vrai visage de la civilisation musulmane, qui a sa définition de l'humanité, et ne cède rien sur la question de l'éthique, de la transcendance et de la recherche de la paix. Le musulman, tout en veillant à maîtriser les rapports de force qui garantissent la paix, car la puissance et les moyens techniques sont décisifs, garde ses distances vis-à-vis de ce qui passe, de ce qui est passager, transitoire et éphémère : "Tout passe, sauf le visage de Dieu." C'est une traduction de la profession de foi de l'islam : "Il n'y a pas de dieux si ce n'est Dieu." C'est la paix intérieure, la sérénité, la quiétude. La paix dépend donc de facteurs multiples. La civilisation musulmane y répond en se voulant plénière et fondatrice de biens. Elle est celle d'un humanisme spirituel efficient et non béat, qui assume le temps présent. Elle donne sa place à la raison et aux sciences, au service de l'humanité. Les villes, les bibliothèques, les jardins et la productivité se généralisent et élèvent la condition humaine.
Mosquées, zaouïas, hammams, ateliers, medersas et souks se côtoyaient. Le style architectural des édifices conjugue lumière et intimité, arabesque et arts non figuratifs, espaces de débats, de rencontres, d'échanges et de convivialité. Ces espaces et pratiques socioculturels urbains bien agencés produisent la paix.
Par : Mustapha Cherif
Mustapha Cherif est professeur des universités, auteur de La culture de la paix, Dar Houma, Alger 2014.


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