La pression diplomatique s'accroît sur l'Arabie saoudite qui nie toujours sa responsabilité dans la disparition du journaliste Jamal Khashoggi. Des nombreuses grandes entreprises occidentales ont décidé de se retirer ou de geler leurs investissements en Arabie Saoudite, jusqu'à ce que la vérité soit établie dans l'affaire de disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, alors que le président des Etats-Unis, Donald Trump, a menacé pour la première fois de faire subir un "châtiment sévère" à RIyad si son implication venait à être prouvée. Entre vendredi et hier, plus d'une dizaine de grands groupes opérant dans les domaines des technologies, des médias et du divertissement ont annoncé qu'ils n'iront pas à la deuxième édition du sommet "Future Investment Initiative", prévu du 23 au 25 de ce mois en cours, sapant ainsi tous les efforts déployés par le prince héritier Mohammed Ben Selmane de redorer l'image d'un royaume déjà ternie par sa guerre d'agression au Yémen et son soutien au terrorisme en Syrie, ainsi que par son financement de l'idéologie islamiste salafiste à travers le monde. Outre le patron du groupe Virgin, britannique Richard Branson, le premier à avoir annoncé son retrait d'Arabie Saoudite, on trouve aussi le patron d'Uber, Dara Khosrowshahi, qui ne veut pas se rendre à Riyad pour ce sommet, "à moins qu'une série de faits considérablement différents n'émerge", selon Bloomberg. Mais en attendant, tous les éléments convergent vers la culpabilité de l'Arabie Saoudite dans la disparition de Jamal Khashoggi, selon les autorités turques qui affirment détenir suffisamment de preuves impliquant directement le royaume wahhabite dans ce crime abominable. "Nous mettons fin à notre relation", a déclaré Richard Mintz, directeur général du groupe Harbour, dont l'entreprise a bénéficié des 27 millions de dollars que Riyad a dépensé l'an dernier pour le lobbying aux Etats-Unis, a rapporté le quotidien Washington Post, pour lequel M. Khashoggi travaillait comme chroniqueur depuis vingt ans. Pour sa part, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé de "dévoiler la vérité" dans cette affaire qui prend une dangereuse tournure sur le plan diplomatique. "Nous avons besoin de savoir ce qui s'est passé exactement et de connaître avec exactitude le responsable", a déclaré Guterres à la BBC, appelant legouvernements à "répondre de la bonne manière après avoir connu la vérité". Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a promis de sévir contre Riyad si sa responsabilité venait à être établie. "Pour l'instant, ils démentent (leur implication) et la démentent vigoureusement. Est-ce que ça pourrait être eux ? Oui", a dit le président dans un entretien à la chaîne CBS, enregistré jeudi et diffusé hier. Si l'Arabie saoudite s'avérait effectivement responsable, il y aurait "un châtiment sévère", a-t-il ajouté. Selon les quotidiens turcs Sözcü et Milliyet, Jamal Khashoggi portait, lorsqu'il est entré au consulat, une "montre intelligente" connectée à un téléphone qu'il avait laissé entre les mains de sa fiancée, Hatice Cengiz. Ils racontent que des enregistrements audio ont ainsi été transmis au téléphone et sont actuellement examinés par la justice turque. Toutefois, si Milliyet précise que des cris et une querelle ont été enregistrés, Sözcü avance que des dialogues, mais pas de cris, peuvent être entendus dans cet enregistrement de "quelques minutes". Lyès Menacer/Agences