Le Comité Djamel Allam a réussi le pari de commémorer, comme il se doit, le 40e jour de l'icône de la chanson kabyle et algérienne. Et beaucoup des amis de l'artiste ont tenu à y assister, pour rendre un hommage appuyé à l'enfant de Yemma Gouraya. Et ils étaient nombreux à venir, parfois de très loin, pour assister au 40e jour du décès de Djamel. On citera, entre autres, Kamal Hammadi, Malika Domrane, Akli D, Rabah Inaslyen, Bazou, Yacine Zouaoui, Tileli, les artistes-peintres Arezki Tahar et Noureddine Saïdi, Rafik Zaïdi, l'auteur de l'exposition photo sur Djamel, Abdelhafid Idrès, Rachid Oulebsir et l'ancien ministre, El-Hadi Ould-Ali, un ami du défunt. Le secteur de l'éducation n'a pas manqué de s'impliquer à travers les 49 écoles de la commune de Béjaïa. Une minute de silence a été observée, jeudi à 13h30, suivie de l'interprétation de sa fameuse chanson Mara dyoughal en présence des artistes chanteurs. Une bougie a été remise à chaque écolier, à allumer chez eux à partir de 19h. Hier vendredi, la famille, les amis et les fans ont décidé de donner lwaâda à Yemma Gouraya — comme il le chantait —, pour avoir la bénédiction de la sainte et par la même occasion célébrer la mémoire du grand absent, qui manque cruellement à sa ville, pour laquelle il était resté profondément attaché. C'est ainsi qu'Arezki Tahar, Kiki pour les intimes, et d'autres artistes ont évoqué la mémoire de Djamel. Durant la décennie noire, Djamel revenait chaque année chez lui. "Il n'a jamais cessé de se produire à Bougie, à Tizi Ouzou, à Alger et un peu partout dans le pays. Il assurait sa fonction d'artiste", a insisté Arezki Tahar, l'ancien directeur du TRB. "Forcément, ceux qui avaient fait le choix de rester et pour beaucoup d'en payer le prix — Tahar Djaout, Abdelkader Alloula, Azeddine Medjoubi, M'hamed Boukhoubza ou Djilali Liabès — ne sont pas morts rien", martèlera-t-il. Les amis de Djamel, qui se sont relayés au micro, ont décrit un homme "sage et éclairé", pour l'anthropologue Ali Sayad, un "être attachant, inventif et remarquable" pour le journaliste Boukhalfa Amazit, "une véritable locomotive", qui a eu "plusieurs vies", pour son ami Saïdi Yahia-Cherif, un "chroniqueur hors pair à la Chaîne III, qui avait refusé d'être permanisé, car il se considérait comme un troubadour". Pour Ghania, une ses nombreuses fans, venue de Marseille, Djamel avait eu beaucoup d'influence dans l'émigration, notamment auprès des jeunes. "Tout d'un coup, Djamel débarque à Marseille, et il nous touchait, nous les jeunes. Sa musique nous envahissait littéralement. Et elle nous avait réconciliés avec notre culture d'origine." Pour Abdelkrim Tazaroute, journaliste, écrivain prolixe, chanteur, "Djamel était un artiste complet : un chanteur immense, un talentueux mélodiste, un acteur, réalisateur. Et sa poésie, on peut la visualiser. Toutes ses chansons sont de véritables courts métrages, des scénarios écrits : Bouh Bouh, Houria, un plaidoyer pour la femme ; Salimou, Gatlatou, le machisme, etc. Finalement, c'était du lourd et beaucoup ne l'avaient compris que bien plus tard". M. Ouyougoute