Le directeur général du Trésor public, Fayçal Tadinit, a annoncé lundi la possibilité de renoncer au recours au financement non conventionnel à partir de janvier 2019, et ce, en raison, avait-il expliqué, de l'amélioration de plusieurs indicateurs économiques. S'exprimant devant les membres de la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN), Fayçal Tadinit a indiqué que "vu les nouvelles données économiques et l'amélioration de plusieurs indicateurs économiques à savoir la hausse des recettes fiscales pétrolières, des cours du pétrole et des recettes fiscales ordinaires, il est possible de renoncer au recours au financement non conventionnel à partir de janvier 2019 ou d'y recourir dans une moindre mesure par rapport à 2018". Il a ajouté que le Trésor public est dans l'attente des chiffres et des indicateurs économiques, pour les mois de novembre et décembre 2018, avant de prendre ses décisions vis-à-vis du financement non conventionnel. Cette annonce du directeur général du Trésor intervient après que les députés membres de la commission des finances et des budgets de l'Assemblée populaire nationale (APN) ont appelé, lors des travaux relatifs à l'étude du projet de loi de finances 2019 avec le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, à ne plus recourir au financement non conventionnel. Certains députés se sont posé la question de la continuité de ce mode de financement, alors que le prix référentiel du pétrole a augmenté de façon très significative. D'ailleurs, ces derniers ont même préconisé la révision à la hausse du prix référentiel du baril de pétrole fixé à 50 dollars dans le projet de budget et qui semble en décalage avec l'augmentation des cours de pétrole sur les marchés internationaux. Alarmés par le montant déboursé par le gouvernement en moins d'une année, les élus, toutes tendances confondues, ont estimé que ce montant est non justifié. Pour sa part, le ministre des Finances, M. Raouya, a tenté de rassurer les députés en indiquant que "le recours à ce financement (non conventionnel) n'est pas systématique et que l'Etat algérien recourt d'abord à ses recettes pétrolières". Néanmoins, il a ajouté que "la situation financière du pays demeure inconfortable" et que le recours au financement non conventionnel "reste le meilleur choix pour y faire face". Et d'ajouter que "si la situation demeure en l'état actuel, nous suivrons ce mécanisme pour les trois autres années (après 2019), mais au cas où la rente pétrolière couvrirait nos besoins, notre vision prendra une autre tournure". Un retournement de situation était-il envisageable ? Pas si sûr, d'autant que le grand argentier du pays a reconnu qu'en raison de la baisse du niveau des revenus et les dépenses budgétaires, l'approvisionnement du Trésor public connaîtra une forte pression durant les prochaines années, malgré le recours au financement non conventionnel. Le déficit sera de -184,4 milliards de dinars en 2019, de -746,5 milliards de dinars en 2020 et de -796,5 milliards de dinars en 2021. Saïd Smati