Un haut responsable turc a fait de nouvelles révélations hier, quant à la disparition du corps de Jamal Khashoggi et des preuves au consulat saoudien d'Istanbul, impliquant le gouvernement saoudien. "Nous pensons que ces deux individus sont venus en Turquie dans le seul but d'effacer les preuves du meurtre de Jamal Khashoggi avant que la police turque ne soit autorisée à fouiller les locaux", a déclaré hier sous-couvert de l'anonymat, un haut responsable turc. Il s'agit de deux hommes, un chimiste et un expert en toxicologie, qui sont arrivés à Istanbul le 11 octobre. La même source a également affirmé que "le fait qu'une équipe de nettoyeurs ait été dépêchée d'Arabie Saoudite neuf jours après le meurtre suggère que de hauts responsables saoudiens étaient au courant de la mise à mort de Khashoggi". Ces déclarations confirment des informations publiées aussi hier par le journal pro-gouvernemental turc Sabah, qui révèle l'identité des deux hommes, selon lesquelles le chimiste comme étant Ahmed Abdulaziz Aljanobi et l'expert en toxicologie comme Khaled Yahya Al Zahrani. Sabah indique qu'à partir du 12 octobre, le chimiste et l'expert en toxicologie se sont rendus "régulièrement" au consulat pendant une semaine. Ils ont également entrepris d'effacer toute trace du meurtre dans la résidence du consul, proche du consulat. Le média turc indique que les deux hommes ont quitté la Turquie le 20 octobre après s'être régulièrement rendus au consulat et à la résidence du consul saoudien à Istanbul. Pour rappel, la police turque n'a reçu l'autorisation de fouiller le consulat que le 15 octobre et la résidence deux jours plus tard. Le consulat a été fouillé une première fois dans la nuit du 15 au 16 octobre, et la résidence du consul saoudien le 17 octobre. Ceci étant, le corps de Khashoggi reste introuvable plus d'un mois après le meurtre. Le parquet d'Istanbul avait affirmé la semaine dernière que Jamal Khashoggi avait été tué dès son entrée dans le consulat et son corps démembré. Un conseiller du président Recep Tayyip Erdogan, Yasin Aktay, a évoqué vendredi la possibilité que le corps du journaliste ait été dissous dans de l'acide. "Depuis quelque temps, certaines personnes évoquent la destruction (du corps) avec de l'acide. Il faut que toute la lumière soit faite sur ce point", a déclaré hier le vice-président turc Fuat Oktay. La Turquie et l'Arabie Saoudite ont ouvert des enquêtes sur ce meurtre, mais une extrême méfiance règne entre les autorités des deux pays. Par ailleurs, les fils de Jamal Khashoggi ont demandé aux autorités saoudiennes de restituer le corps de leur père afin que la famille puisse faire son deuil, ont-ils déclaré à CNN dans une interview diffusée dimanche. "J'espère vraiment que ce qui s'est passé n'a pas été douloureux pour lui, ou que ça a été rapide. Ou qu'il a eu une mort paisible", a dit Abdullah Khashoggi à la chaîne américaine lors de l'interview à Washington. "Tout ce que nous voulons maintenant, c'est de l'enterrer à Al Baqi à Médine avec le reste de sa famille", a précisé son frère Salah, faisant référence à un cimetière en Arabie Saoudite. "J'ai parlé de ça avec les autorités saoudiennes et j'espère juste que cela arrivera bientôt", a-t-il ajouté. Merzak Tigrine