Avec un nouvel état d'esprit et des changements féconds dans l'effectif, les Verts ont retrouvé un nouveau visage. Ils engrangent du coup une confiance certaine. À une journée de la fin des éliminatoires et à quatre mois du dernier match, désormais amical, contre la Gambie, prévu mi-mars au stade Tchaker de Blida, l'Algérie assure sa qualification à la CAN 2019, qui aura lieu du 15 juin au 13 juillet au Cameroun. Cette phase finale pourrait tout aussi être délocalisée soit dit en passant au Maroc, selon les dernières informations émanant de la CAF, ce qui constituerait l'autre bonne nouvelle pour les Verts, en raison évidemment de la qualité des pelouses et des infrastructures chez notre voisin de l'Ouest. Grâce donc à une large victoire (1-4) à Lomé, certes face un adversaire togolais méconnaissable, notamment en première période de jeu, les Algériens se hissent dans le gotha africain, en espérant faire mieux que lors de la dernière édition au Gabon où ils avaient quitté la compétition sur la pointe des pieds, avec une élimination humiliante dès le premier tour. À ce titre, le premier objectif contractuel du nouveau coach national Djamel Belmadi est atteint. Reste celui de mener les Verts dans sept mois vers le dernier carré lors de la phase finale avec une équipe en pleine reconstruction. Il serait évidemment prétentieux d'avancer pour le moment, au vu des derniers matches, que les Verts sont déjà suffisamment mûrs pour s'attaquer au challenge de la CAN, mais il est clair que cette qualification permet aux coéquipiers d'un Mahrez retrouvé de gagner nettement en confiance. L'ascendant psychologique né du large succès au Togo est le premier dividende de ce voyage. Il permet surtout désormais à Belmadi, qui avait besoin de rassurer sur le plan personnel déjà, après la déconvenue contre le Bénin et le faux pas contre la Gambie à Banjul, de travailler dans des conditions sereines. L'ex-coach du Qatar avait sans doute besoin de mettre en pratique sa philosophie de jeu et surtout de la voir triompher sur le terrain de la vérité. Les joueurs, également, avaient besoin de trouver des raisons de croire en leur nouveau patron. Ils ont vite épousé sa méthode de travail et de jeu, les voilà aujourd'hui convaincus que c'est la bonne voie. Force est de constater que ce n'était nullement le cas avec les entraîneurs précédents, notamment Alcaraz et Madjer, qui donnaient nettement l'impression de n'avoir pas le soutien et l'adhésion du groupe, d'où du reste les mauvais résultats. Cette communion entre le staff et les joueurs, récompensée par la victoire éclatante à Lomé, servira de moteur d'ici à la prochaine CAN. Elle est vitale. Le second dividende du succès au Togo concerne l'état d'esprit des joueurs qui a radicalement changé. Le travail psychologique effectué par Djamel Belmadi durant le stage à Sidi Moussa, le message du président de la FAF, Kheireddine Zetchi, qui a insisté sur la nécessité d'être combatifs sur le terrain, ont porté visiblement leurs fruits. Les Verts ont retrouvé des valeurs de combat et le sens du sacrifice. Des valeurs qui avaient malheureusement disparu depuis le Mondial 2014 au Brésil. Avec un pressing constant sur le terrain et une adversité sans faille dans les duels, les Algériens ont vite surpris les Togolais, parvenant à inscrire trois buts en moins de trente minutes de jeu. C'est révélateur de la volonté qui a animé les camarades de Bounedjah avant le départ au Togo. Beaucoup a été dit sur le double visage de nos pros évoluant notamment en Europe, et le décalage criant entre leur rendement en club et en EN. Cela a amené Belmadi à faire des choix forts en écartant des cadres de l'équipe. Son discours a amené les sélectionnés à assumer leurs responsabilités en équipe nationale, à l'image de Feghouli, Mahrez et autres M'Bolhi qui ont été tout simplement irréprochables. Leur pugnacité et leur hargne sur le terrain ont fait la différence, mais le résultat de Lomé n'aurait pas été possible sans les changements opérés par Belmadi par rapport à la rencontre contre le Bénin.
Des choix forts et des valeurs de combat retrouvées Les observateurs estiment à juste titre d'ailleurs que la performance de Lomé aurait été possible à Cotonou si Belmadi n'avait pas commis des erreurs de casting, comme la non-titularisation de Attal et Bounedjah, la reconduction au milieu de terrain de Bentaleb et Taïder ainsi que son obstination à injecter un Belfodil transparent lors de toutes ses sorties avec les Verts. Cela nous amène du coup à évoquer le troisième dividende de la sortie contre le Togo. En effet, Belmadi a fini par reconnaître qu'avec un milieu de terrain mené par Bentaleb et Taïder qui ne cherche jamais la verticalité dans le jeu et surtout très peu combatif, il ne pouvait pas aller loin en termes de construction du jeu. Il décide du coup de faire appel à une sentinelle locale, en l'occurrence Chita, très hargneux dans les duels et qui cherche constamment la profondeur. Le replacement de Feghouli dans l'axe du jeu et son abattage ont apporté plus d'équilibre à la sélection nationale qui a laissé très peu d'espaces. L'incorporation de Belaïli dans ce registre a apporté également aux Verts ce brin de génie, cette percussion nécessaire. Belaïli est un faiseur de jeu, c'est un danger constant, et avec lui Belmadi a gagné une valeur sûre qu'il sera difficile de débusquer du onze type. En outre, avec le retour prochain de Brahimi, l'Algérie va davantage gagner en qualité individuelle au détriment d'un Benzia, encore une fois décevant. Le retour de Bounedjah dans le onze type a énormément servi les Verts. Ce fut un poison pour les Togolais, il sera encore sans doute l'une des attractions de la prochaine CAN, ce qui lui ouvrirait larges les portes de l'Europe. Ce gars est pétri de qualités, il n'a plus rien à apprendre dans les pays du Golfe. En défense, le retour de Attal a eu un effet immédiat. Le sociétaire de Nice était au four et au moulin. Son absence contre le Bénin a été préjudiciable pour l'Algérie. C'est une pièce intouchable. À la CAN, il sera également l'une des forces algériennes. Enfin, la titularisation de Belamri a apporté plus de solidité à la défense algérienne. Son association avec Tahrat dans l'axe de la défense a été fructueuse. Elle mérite d'être renouvelée. SAMIR LAMARI