Les travailleurs du groupement d'entreprises algéro-turc, Engoa et Ozgun, chargé de la réalisation de la pénétrante Bouira-Tizi Ouzou, sont en grève depuis hier. Les ouvriers dénoncent un "plan social déguisé", consistant, selon eux, à les forcer à prendre un congé sans solde de 45 jours, coïncidant avec la fin de leur contrat. "Nous avons mis quatre mois pour percevoir nos salaires et aussitôt notre dû en poche, nous avons eu la désagréable surprise de recevoir nos titres de congé d'une durée de 45 jours, soit à la date où nos contrats prennent fin, sans la possibilité de les renouveler", ont dit les grévistes rencontrés hier. Pour ces derniers, ce "congé forcé" s'assimile à un plan social qui ne dit pas son nom. "Ils veulent nous mettre à la porte sans la moindre indemnité. Ils ont trouvé cette astuce, mais nous ne sommes pas dupes", soulignent-ils. Et de poursuivre : "Quand nous nous sommes rendus auprès de l'administration, on nous a clairement signifié que cette décision est irrévocable. Donc, soit on l'accepte, soit on démissionne. C'est une profonde injustice", assurent-ils. Cette grève et ses motivations ressemblent à celles des travailleurs de l'autre projet de pénétrante reliant Ahnif à Béjaïa. Selon nos informations, les autorités concernées n'ont pas fait passer plusieurs situations financières faute de budget. Contactés par Liberté, les responsables de l'Engoa n'ont pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Ils se sont contentés de nous renvoyer vers le ministère des Travaux publics. De leur côté, les protestataires soutiennent qu'ils ne reprendront pas le travail avant d'avoir reçu des assurances concernant leur avenir au sein de cette entreprise. En attendant, ce projet qui accumule des mois de retard est actuellement pratiquement à l'arrêt. Lancé en janvier 2014, pour un montant global de 50 milliards de dinars, le taux d'avancement de cette pénétrante n'a atteint que 21%. Elle comporte la réalisation de 21 viaducs, 6 tunnels, 41 ouvrages divers, 51 ouvrages d'hydraulique et 8 échangeurs. Récemment, les services de l'Algérienne des autoroutes (ADA) avaient avancé la date de mars 2020 pour la livraison de ce projet. Néanmoins, avec ce nouveau litige, cette échéance risque fort de ne pas être respectée. RAMDANE BOURAHLA