Transports, écoles et administrations étaient en grève jeudi en Tunisie en réponse à l'appel lancé par l'Union générale des travailleurs tunisiens, suite au refus du gouvernement de répondre favorablement aux doléances de ce syndicat. Une grève générale touchant tous les services publics a été massivement observée jeudi en Tunisie. Ainsi, les écoles publiques étaient fermées, les transports en commun paralysés et les vols de la compagnie aérienne nationale Tunis Air également perturbés. Selon une source au sein du syndicat, la grève, qui s'est achevée à minuit, a été suivie à plus de 90%. Devant la foule rassemblée au siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens à Tunis, le secrétaire général Noureddine Taboubi s'est montré très offensif envers le gouvernement. "L'UGTT s'opposera aux choix libéraux voués à l'échec. Ils ont attaqué la santé. Ils ont attaqué l'éducation. Ils ont attaqué le transport. Ils ont attaqué tous les secteurs stratégiques", a-t-il affirmé, tout en appelant à poursuivre le combat pour "défendre la Tunisie (...) et sa capacité à mener une politique indépendante". "Dégage, gouvernement du FMI", ou encore "Chahed, lâche, le peuple tunisien n'accepte pas l'humiliation", ont scandé des manifestants, reprochant au Premier ministre Youssef Chahed de céder aux directives du Fonds monétaire international (FMI). Certains ont brandi des portraits de la directrice du Fonds, Christine Lagarde, barrés d'une croix rouge. L'UGTT réclame des augmentations de salaires plus importantes que les 70 dinars (20 euros) pour 2019 et 110 dinars (30 euros) pour 2020 proposés par le gouvernement. Il faut dire que le salaire brut moyen d'un fonctionnaire est de 1 580 dinars (500 euros), selon le dernier rapport officiel pour 2016. Mais, la baisse du pouvoir d'achat est essentiellement due à l'inflation, qui a atteint 7,5% en 2018. L'inflation, alimentée notamment par la chute du dinar, et le chômage persistant au-dessus de 15%, alimentent un mécontentement qui se traduit par des heurts ponctuels notamment en janvier, et une série de mobilisations sociales. Devant l'absence d'un accord avec le gouvernement, l'UGTT avait appelé à une grève de 24 heures des 677 000 fonctionnaires et 350 000 employés des entreprises publiques, soit un million de personnes, représentant près d'un quart de la population active tunisienne. De son côté, le Chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, a assuré dans un discours télévisé mercredi soir que l'état des finances publiques ne permettait pas d'accepter les demandes de l'UGTT, tout en assurant que le dialogue se poursuivrait après cette grève de 24 heures. Les bailleurs de fonds, qui maintiennent la Tunisie à flot, appellent à ralentir l'endettement de l'Etat et à diminuer le poids de la fonction publique dans le PIB, qui atteint 14%, l'un des taux les plus élevés de la région. La Tunisie a obtenu en 2016 du Fonds monétaire international (FMI) un prêt de 2,4 milliards d'euros sur quatre ans, en promettant de mener de vastes réformes. Ceci étant, l'UGTT doit décider aujourd'hui de la suite à donner à ce mouvement de grève. Merzak Tigrine