Plusieurs sit-in de protestation ont été organisés, hier, à Oran, au niveau de plusieurs secteurs et de différentes corporations, s'inscrivant dans un mouvement de contestation du régime en place. Ainsi, l'action la plus marquante et qui n'aura duré que quelques heures est venue des travailleurs du port commercial d'Arzew, sis à quelque 40 km d'Oran. Plus d'une trentaine de travailleurs du port d'Arzew ont décidé d'observer un arrêt de travail en fin de matinée, avec un sit-in au sein même de la structure portuaire. Regroupés derrière des banderoles, ces travailleurs ont affiché leur soutien au "mouvement populaire" mais aussi demandé le départ de Sidi-Saïd, le SG de l'UGTA. Sur la banderole était écrit "Le syndicat de la honte, Sidi-Saïd dégage", ou alors avec une pointe d'humour à l'adresse du régime "Il est temps de lever l'ancre". Mêm si cette action n'a pas touché le port pétrolier, elle en a néanmoins perturbé le fonctionnement. Dans la même journée, ce sont les avocats du barreau d'Oran qui ont observé leur sit-in hebdomadaire de protestation comme constaté à la cour d'Oran. Un peu plus d'une centaine d'avocats — qui n'étaient pas pris par des engagements professionnels — se sont ainsi rassemblés sur le perron de la cour et scandé des slogans réclamant le changement, le départ du pouvoir et l'avènement d'un Etat de droit. Tout en brandissant l'emblème national et des pancartes de contestation, ils ont observé leur sit-in pendant près d'une heure avant de reprendre leurs activités. Cependant cette manifestation n'a pas fait que des heureux, puisque de nombreux avocats ont exprimé leurdésir de porter la protestation dans la rue. "D'autres wilayas l'ont fait, pourquoi pas nous ?", s'est indigné un avocat qui s'est s'interrogé sur la frilosité de l'ordre des avocats d'Oran. Les anciens cadets de la Révolution à Oran sont, eux aussi, montés au créneau en organisant un sit-in au centre-ville. Ainsi, ils étaient une vingtaine à s'être regroupés avec des pancartes brocardant le régime en place et certaines de ses figures et demandant le départ du régime. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux ont réagi en ces termes : "Nous voulons dire que nous sommes avec le peuple et que nous nous reconnaissons dans le mouvement populaire depuis ce 22 février, et pour dire aussi que nous ne sommes pas tous des privilégiés, nous sommes du peuple !" Plusieurs de ces anciens cadets de la Révolution ont fait part de leur ressentiment à l'égard d'un régime qui les a "brisés", ont-ils dit. Certains rappellent leur combat et leur engagement durant la décennie noire et, aujourd'hui avec déception, ils font ce constat : "On a remis à ce pouvoir une Algérie sur un plateau d'argent, il y a eu tellement de sang, de martyrs… et après 20 ans, ils ont tout détruit !" D. Loukil/S. Ould Ali