Environ 62 millions d'Egyptiens sont appelés à voter depuis hier et jusqu'à demain soir, dans le cadre d'un référendum sans suspense sur une révision constitutionnelle devant permettre à Abdel Fattah al-Sissi, président depuis 2014, de prolonger son mandat et de consolider son pouvoir. Ils sont invités aux urnes pour dire "oui" ou "non" aux changements de la Constitution. Les résultats du scrutin seront proclamés le 27 avril. Depuis des semaines, les rues du Caire et d'autres villes ont vu fleurir des banderoles appelant à voter "oui" à la révision de la Constitution de 2014, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Le Parlement a approuvé mardi à une écrasante majorité les amendements constitutionnels, et les dates du référendum qui doit entériner ces modifications ont été annoncées le lendemain. Les nouvelles dispositions permettent de faire passer le deuxième mandat de M. Sissi de 4 à 6 ans, portant son terme à 2024. Le chef de l'Etat pourrait ensuite se représenter en 2024 pour un troisième mandat, ce qui le reconduirait jusqu'en 2030. Outre la durée du mandat présidentiel, la révision doit accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l'exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l'armée, pilier du régime. Il prévoit aussi un quota de 25% de femmes au Parlement. Dans une lettre publiée jeudi, le cabinet d'analyse sécuritaire Soufan Center avance qu'"il n'y a que peu d'opposition publique aux changements constitutionnels, résultat probable de la nature oppressive du gouvernement". Hier, l'ONG Human Rights Watch a appelé le pouvoir égyptien à cesser le processus d'amendement de la Constitution en estimant que les changements ne feraient que "consolider le pouvoir autoritaire" en Egypte.