La médecine douce se fraye de plus en plus de place partout dans le monde, et les techniques ancestrales font de plus en plus d'adeptes. À Bordj Bou-Arréridj, aux côtés de l'acupuncture, "al-hijama", cette technique thérapeutique très ancienne, refait surface et est proposée par quelques médecins généralistes et des raqis. Si autrefois la hijama (ou cupping therapy), très ancienne thérapie, était pratiquée dans les souks par les hajjams (les coiffeurs), elle est aujourd'hui pratiquée par des médecins dans leur cabinet et compte de plus en plus d'adeptes. Appelée aussi "cupping therapy" en anglais ou encore médecine prophétique, car très pratiquée du temps du prophète Mohammed (QSSSL), cette technique consiste à effectuer de petites incisions superficielles faites à des endroits bien précis et en fonction de la maladie à guérir. Ensuite, le praticien applique une ventouse sur la partie incisée afin d'en extraire du sang. On récupère ainsi le sang, à l'aspect plus ou moins noirâtre et épais. C'est la saignée qui permet de soulager les patients. Toutefois, cette opération peut aussi être réalisée sans incisions. On parle alors de "hijama à sec". La ventouse est appliquée alors après que la peau a été frictionnée avec de l'huile. Cette médecine ancestrale a été reconnue en 2004 par l'Organisation mondiale de la santé comme thérapie guérissant certaines maladies dont l'asthme, le diabète et l'acné. Elle permet de réguler la tension artérielle, de normaliser le taux de globules blancs et aussi d'éliminer les enzymes cardiaques. Par ailleurs, la hijama augmente le taux de fer dans des proportions normales et le taux de cortisone naturelle, diminue le mauvais cholestérol, soulage plusieurs types de douleurs, traite le psoriasis et les hémorroïdes. Selon l'OMS, cette thérapie non conventionnelle normalise donc tous les excès, épure le sang et permet de pallier certains manques de l'organisme. Ce qui est aussi mentionné par des études menées par des scientifiques américains, c'est son efficacité pour traiter les paralysies faciales. Il convient toutefois de souligner que la hijama ne peut être effectuée sur certains patients, notamment les femmes enceintes, les jeunes enfants, les personnes âgées et affaiblies ainsi que les personnes sous traitement anticoagulant… Mais le danger vient essentiellement des personnes non formées qui pratiquent la hijama en dehors des cabinets : "Il s'agit de charlatans qui n'ont aucune formation et qui peuvent commettre des erreurs, notamment conseiller la hijama à une femme enceinte ou encore à une personne âgée, tout comme ils peuvent utiliser du matériel non stérilisé favorisant ainsi des infections." En effet, les praticiens de la roqia charïya procèdent également à la hijama en dehors de tout contrôle et dans des conditions sanitaires non conformes. Ils sont nombreux à proposer leurs services en donnant des explications via les réseaux sociaux, en particulier Youtube. Pour les raqqis, la hijama est recommandée car elle est conforme à la Sunna, puisque le prophète Mohammed (QSSSL) la pratiquait sur son crâne lorsqu'il avait des migraines. Mais outre les migraines et autres maux de tête, le raqqi prétend également que la hijama guérit plusieurs pathologies et elle a divers bienfaits : physiques, dans la mesure où elle permet d'éliminer les toxines et les mauvaises graisses du corps et de désinfecter le corps ; émotionnels, puisque après une séance le patient sent son cœur et son esprit totalement apaisés ; enfin mentaux, car elle permet de clarifier l'esprit. Pour le raqqi, la durée d'une séance de hijama peut varier de 30 à 50 minutes, pratiquée généralement après la prière du sobh ou le soir après celle d'el-icha. Il est également recommandé, selon un raqqi, "de procéder à la hijama les lundi, mardi et jeudi. Le mercredi est interdit car c'est le jour où le Prophète Ayoub est tombé malade". Il précisera aussi que cette pratique doit se faire de préférence les 17, 19 et 21 jours du mois, selon le calendrier lunaire, au printemps et en été.