Les métiers de l'artisanat seront-ils revalorisés avec les actions entamées par les pouvoirs publics, notamment les subventions financières accordées pour promouvoir cette activité dans le cadre du développement rural et de son introduction dans les filières de la formation professionnelle pour assurer sa pérennité ? L'avenir nous le dira. En attendant, les métiers de l'artisanat se devaient normalement de jouir d'une place toute particulière dans la société parce que reflétant son identité, ses us et ses coutumes de par son potentiel tirant ses origines de la lointaine histoire. La wilaya d'Oum El Bouaghi demeure un véritable carrefour de civilisations. Le tissage de la laine demeure sans conteste le métier artisanal le plus représentatif. Mais, qu'est devenue la confection de la kachabia, du burnous, du tapis, du henbel (couverture en laine) et autres étoffes si chères aux Chaouis et qui faisaient autrefois la fierté des Haraktas ? Le traditionnel métier de la laine représentant un grand pan du patrimoine aurassien est en train de dépérir faute de moyens matériels, à l'image du tapis des Haraktas produit autrefois à Aïn Beida. Le mirhab, original, avec ses dessins en forme de M, ses médaillons hérissés de crochets et les écoinçons de rosaces issus de carrés étoilés avec une gamme de coloris, rouge, bleu, jaune et noir, qui constituaient ses éléments fondamentaux, concurrençait celui de Tlemcen avec un tissage issu de tribus plus sédentarisées que les Nememchas activant dans l'agriculture et l'artisanat. Le tapis harkati possède des caractères communs avec son congénère de Babar. Alors que la création de la manufacture artisanale du tissage de la laine de Aïn Beida, en 1980, avait pour objectif de maintenir vivante une tradition séculaire, sa fermeture a contraint les tisseurs à partir. Une situation exacerbée par la cherté de la matière première et les difficultés d'écoulement d'un produit jugé trop onéreux ont précipité la descente aux enfers de l'unité en question. Ayant acquis une notoriété nationale, le tapis des Haraktas vivrait-il ses derniers moments, alors qu'il existe encore des contrées où l'on s'adonne à la pratique de la tapisserie ? Laisserait-on s'éclipser un patrimoine aussi précieux, fierté de toute une région ? Cela est impensable ! K. M.