Au cours de la rencontre qui les a réunis dimanche soir place du 1er-Novembre, à Oran, des "animateurs locaux" du "hirak" ont appelé à soutenir l'appel au dialogue qu'Ali Yahia Abdennour, Taleb Ibrahimi et Rachid Benyelles ont lancé à travers leur déclaration commune le 18 mai. "J'estime que l'initiative vaut la peine d'être étudiée car elle émane de trois personnalités représentant chacune un courant ou une tendance (républicain, islamiste et militaire), qui jouissent d'un certain crédit auprès du peuple", a expliqué une avocate lors de ce débat nocturne. Dans leur déclaration, les trois signataires ont appelé le commandement de l'ANP à ouvrir "un dialogue franc et honnête avec des figures représentatives du mouvement citoyen, des partis et des forces politiques et sociales qui le soutiennent", afin d'arriver rapidement à "une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes" dans un contexte marqué par un rejet populaire massif de l'agenda politique centré sur l'élection présidentielle du 4 juillet. "Comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes, alors qu'elles sont d'ores et déjà rejetées par l'immense majorité de la population parce qu'organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ?", se sont-ils encore interrogés. Pour de nombreux participants à la rencontre-débat de dimanche, l'initiative des trois personnalités pourrait constituer un premier jalon pour une sortie de crise. "D'autant qu'ils ne nourrissent manifestement aucune ambition politique", a encore ajouté la juriste. Au cours de leurs interventions, d'autres manifestants ont alerté sur l'apparition, lors de la marche de vendredi dernier, d'agents mandatés pour semer la zizanie parmi les manifestants. "J'en ai rencontré quelques-uns qui ont tenté de casser la dynamique en suggérant que la révolte est l'œuvre du général Toufik ou que les manifestants devraient être reconnaissants à Gaïd Salah qui n'a pas sorti les chars comme l'avait fait Khaled Nezzar en son temps. Nous leur répondons que la révolte a été lancée par le peuple et qu'elle demeurera jusqu'à la disparition du système", a lancé un enseignant universitaire en appelant à la vigilance contre ce genre de tentatives de manipulation. En cette date anniversaire de la Journée nationale de l'étudiant, tous les intervenants ont rendu un hommage appuyé aux étudiants algériens, rappelant leur mouvement historique déterminant un 19 Mai 1956. "C'est grâce aux étudiants de 56 que l'Algérie s'est affranchie de la colonisation et c'est grâce aux étudiants de 2019 que nous sommes en passe de chasser el-îssaba", a estimé, en substance, un des présents, en rappelant, au passage, que des dizaines de milliers d'étudiants avaient fui l'Algérie sous l'ère de Bouteflika. Enfin, des appels ont été lancés pour la consolidation des rangs du mouvement pour le départ du système. Les participants ont également averti contre les tentatives, qui sans doute iront crescendo, de casser une révolte salutaire pour la nation.