Le pouvoir politique en place et la justice ont été directement pointés du doigt suite au décès du militant Kamal-Eddine Fekhar dans la matinée d'hier à l'hôpital Frantz-Fanon de Blida après l'aggravation de son état de santé. En effet, juste après la diffusion d'une vidéo par son avocat, Me Salah Dabouz, annonçant le décès du docteur Fekhar, les Algériens se sont rués sur les réseaux sociaux pour exprimer leur indignation et dénoncer avec virulence ce drame qu'ils qualifient de "tragique" et de "grave", allant jusqu'à exiger de traduire les commanditaires de son emprisonnement devant la justice. "Mort en prison suite à une grève de la faim. Sans oublier qu'il a été emprisonné pour ses opinions politiques. Donc pouvoir assassin. Justice aux ordres. Magistrats corrompus. Nous devrons réitérer nos revendications, à savoir la libération de tous les détenus d'opinion, la liberté d'expression, de réunion et de manifestation, l'ouverture des champs médiatique et politique, sans oublier qu'ils dégagent et qu'ils soient tous jugés", a réagi un facebooker. Visiblement affecté par le décès de Kamal-Eddine Fekhar, un militant des droits de l'Homme a dénoncé ceux qui ont, par leurs agissements, occasionné la mort de Fekhar en disant que "la responsabilité incombe au pouvoir qui s'est acharné contre lui". Ce militant regrette que "des femmes et des hommes continuent de croupir et de mourir dans les prisons algériennes pour leurs idées. Il ne faut jamais baisser les bras. Que le combat continue. Pour moi, c'est un martyr assassiné par ce pouvoir mafieux". Un autre militant des droits de l'Homme a exprimé son doute quant à la cause du décès de ce militant : "Je doute qu'il soit mort à cause d'une grève de la faim. Ce n'est pas la première fois qu'un militant meurt en prison de cette façon. Le pouvoir assassin et corrompu fait tout pour liquider de tels combattants. Halte à la dictature du pouvoir et que Dieu te bénisse notre frère Kamal. Le combat continue." Le manque de communication de la justice sur le transfert de Kamal-Eddine Fekhar et sur son état de santé a poussé des groupes de facebookers à qualifier cette mort d'"assassinat politique". "Kamal-Eddine Fekhar est mort en prison. Le pouvoir algérien est responsable de sa mort. C'est un assassinat politique", lit-on dans un post partagé et largement commenté par plusieurs groupes d'internautes. "Profondément touché par sa mort. Malgré les menaces de mort, il a préféré rester dans son pays pour défendre Ath-M'zab et les droits de l'Homme en Algérie. C'est un exemple d'homme courageux", écrivent des commentateurs qui estiment que "le tribunal pénal international doit être saisi" et que "la mafia porte l'entière responsabilité de la mort de cet infatigable militant pour une Algérie algérienne, libre, démocratique, solidaire et fraternelle. Nous resterons fidèles à son combat et à sa mémoire. Le flambeau de la lutte a été repris par la jeunesse algérienne. Son nom restera gravé comme le symbole de la lutte, de la résistance et de l'espoir". Du reste, outre les milliers de messages de condoléances adressés à sa famille et aux militants des droits de l'Homme, les internautes ont rendu un vibrant hommage à Kamal-Eddine Fekhar pour son parcours de "militant intègre, sincère, combatif et infatigable" et appellent "à exprimer fermement leur indignation, à exiger la vérité et la justice pour le docteur Fekhar et ses compagnons en détention et à exiger la libération de tous les détenus d'opinion" lors de la marche de vendredi prochain. FARID BELGACEM
