Les concepteurs du texte semblent avoir forcé le trait sur la sacralité d'une langue dans un pays où il doit y avoir pourtant une place pour diverses approches linguistiques formelles, pourvu qu'elles assurent un apprentissage valable et confèrent un statut équivalent à tamazight, langue officielle au même titre que la langue arabe. Le ministère de l'Education nationale est sous les feux de la critique : en cause, l'épreuve de lettres arabes au baccalauréat. Le sujet à traiter, un texte de l'auteur Fodil El-Ouartilani, portait sur le fait que "la langue est quelque chose de glorifiant et digne de sacralité pour une nation qui se respecte". "La langue arabe, poursuit le texte, n'est pas seulement la langue des Algériens, mais de toute la nation arabe". "La mépriser, ajoute, par ailleurs, l'auteur, c'est mépriser l'ensemble des Arabes". "La langue arabe fait l'objet, selon lui, de mépris venu de l'intérieur, c'est-à-dire dans son propre pays, qu'est l'Algérie (…)". Fodil El-Ouartilani a, en outre, mis en avant le rapport qu'eurent les Français à la langue arabe à l'époque coloniale. L'Education nationale a ainsi élaboré un sujet en total déphasage avec l'opinion publique qui, et le mouvement populaire né le 22 février l'a démontré, vit son identité en osmose. Une opinion favorable à une réelle pluralité linguistique, d'ailleurs consacrée dans la Constitution. Les concepteurs du sujet semblent avoir forcé le trait sur la sacralité d'une langue dans un pays où il doit y avoir pourtant une place pour diverses approches linguistiques formelles, pourvu qu'elles assurent à tous un apprentissage valable et confèrent un statut équivalent à tamazight, langue officielle au même titre que la langue arabe. Ils semblent refuser de se projeter dans l'avenir et de s'inscrire dans la marche de l'Histoire et du progrès. Le sujet, qui fait l'objet d'une vive polémique, risque, cependant, de créer une ligne de fracture dans un pays en mouvement vers l'avenir. Sur la Toile, les internautes ont réagi à ce sujet. Plusieurs d'entre eux ont relevé que le texte dont il s'agit donne de "l'ascendant" à la langue arabe, attisant "le racisme" et "la haine". Le sujet de langue arabe au bac est un "scandale", note un autre citoyen. D'autres internautes s'interrogent sur la "sincérité" de ceux qui parlent d'une "Algérie plurielle", alors que, dans les faits, la langue arabe est "la seule langue nationale et officielle de la République algérienne !". "Les pancartes affichant, chaque vendredi, des messages du vivre-ensemble (khawa khawa) prend un coup du fait de ce méli-mélo linguistique", souligne un internaute dans un commentaire posté sur la Toile. Et d'ajouter : "Le sujet de lettres arabes proposé dans cette session du bac 2019 en Algérie est un ‘sujet politico-raciste', alors que l'Etat et ses institutions doivent réfléchir à ce qui devrait le plus contribuer à rassembler les Algériens, plutôt que de les séparer et de les isoler."