La mise sous mandat de dépôt de manifestants pour port du drapeau amazigh a provoqué une grosse colère parmi les étudiants de l'université de Tizi Ouzou qui ont dédié la 18e manifestation, hier, aux détenus d'opinion dont ils exigent la libération immédiate et inconditionnelle. "Libérez les détenus d'opinion", lit-on d'ailleurs sur la banderole déployée en première ligne de cette marche qui s'est ébranlée, à 12h, de l'entrée du campus Hasnaoua de l'université Mouloud-Mammeri pour suivre l'itinéraire habituel menant vers la place de L'Olivier, située à la sortie ouest de la ville. Les dizaines d'étudiants qui ont pris part à cette marche qui s'est déroulée sous un soleil de plomb ont tenu à brandir, chacun, un drapeau amazigh en défiance à la décision du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah qui a annoncé avoir chargé les services de sécurité de le bannir de l'espace public. "Awithagh ar El-Harrach" (Emmenez-nous à El-Harrach) scandaient également les étudiants à l'adresse des policiers mobilisés un peu partout en ville. Lors de cette manifestation, les étudiants ne se sont pas contentés de dénoncer l'emprisonnement des manifestants, puisque les habituels slogans politiques réclamant le départ du système au complet ont été également repris en chœur tout au long de l'itinéraire de la marche. "Noukni nenad atrouhem" (Nous, nous avons dit que vous partirez tous), "Gaïd Salah dégage", "Y en a marre des généraux", "La Oudjda, la DRS, la transition hiya el assass", "Klitou lebled ya serakine", étaient entre autres slogans repris par les étudiants qui ont également déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire : "Primauté du civil sur le militaire". La marche d'hier qui a coïncidé avec la date anniversaire de l'assassinat du chanteur et chantre de l'amazighité, Matoub Lounès, le 25 juin, a été l'occasion de lui rendre hommage en brandissant son portrait et une large banderole sur laquelle on pouvait lire : "Matoub Lounès : l'université de Tizi Ouzou n'abandonnera jamais ton combat."
