Abrous Outoudert, directeur général du groupe Média Temps nouveaux, propriété de l'homme d'affaires Ali Haddad, vient de démissionner de son poste. Sa démission a été acceptée par le gérant, Mohamed Hakem. Celui-ci se retire, également, et cède ses prérogatives administratives, au sein de cette société, aux travailleurs qui émettent le vœu de reprendre l'entreprise. Ils revendiquent, en effet, l'installation d'un comité de gestion issu du collectif des travailleurs qui aura à gérer cette période. Il y a également ceux qui plaident pour la nomination d'un gestionnaire parmi eux. Mais ils souhaitent, dans une première phase, la désignation d'un administrateur judiciaire pour débloquer les comptes et payer les salaires. On dénombre plus de 400 employés auxquels l'entreprise doit au moins 4 mensualités, tout en sachant qu'il existe des salariés payés à 120 000 DA. Une masse salariale qui dépasse les 170% du chiffre d'affaires. Il y a quelques jours déjà, le groupe médiatique du milliardaire emprisonné Ali Haddad est proposé à la vente. Le désormais ex-DG, Abrous Outoudert, a signé un communiqué dans ce sens. Le groupe Média Temps nouveaux, qui compte les journaux Le Temps d'Algérie et Waqt El Djazaïr et les chaînes de télévision Dzaïr TV et Dzaïr News fusionnées par la suite, estime qu'il est impossible de continuer à ce rythme avec la crise financière qui le secoue. "L'ampleur des difficultés financières auxquelles est confrontée aujourd'hui l'entreprise appellent des mesures beaucoup plus radicales, comme trouver un repreneur", déclarait le DG du groupe. Or, cette solution n'est pas réalisable facilement, notamment pour la chaîne TV qui émet depuis la Jordanie. L'éventuel repreneur doit effectivement se déplacer vers ce pays et engager les procédures de rachat là-bas. Car cette télévision n'a pas de présence légale en Algérie. Le même constat est établi pour les quotidiens : tout opérateur désireux de racheter ces deux entreprises (quotidiens) doit au préalable formuler une demande d'un nouvel agrément à son propre nom auprès des institutions concernées. C'est dire que le groupe se trouve vraiment dans une situation inextricable. La mésaventure du groupe a commencé, faut-il le souligner, avec les déboires judiciaires d'Ali Haddad et son placement sous mandat de dépôt à la prison d'El-Harrach en avril 2019, après sa tentative de fuite à travers la frontière tunisienne, qui ont eu comme conséquence le gel de ses comptes bancaires. À cela, il y a lieu d'ajouter la décision de l'Anep de ne plus accorder de publicité au groupe et la désaffection des annonceurs qui ont préféré ne pas associer leurs marques à un groupe média appartenant à un patron incarcéré. Cela a accéléré la chute de cet empire médiatique. Pour le moment, avoue-t-on, le seul repreneur possible est l'Etat. "C'est le seul capable de sauver les 400 postes de travail et les outils de production", indique-t-on. Il reste à savoir si les pouvoirs publics accepteront de nommer un administrateur pour gérer le groupe média, d'autant plus que ce choix demeure la seule solution pour éviter de mettre la clé sous la porte…