L'Algérie n'est pas parvenue à rompre la spirale négative dans laquelle le secteur des hydrocarbures est embourbé depuis plus de dix ans. C'est du moins ce qui ressort des statistiques publiées par l'Office national des statistiques (ONS), reprises par l'APS. Selon l'ONS, le secteur des hydrocarbures a connu une croissance négative de -7,7% au 1er trimestre 2019, contre -2,4% durant la même période de l'année écoulée. Cette baisse sensible de l'activité du secteur des hydrocarbures a limité la croissance globale du produit intérieur brut (PIB) à 1,5% au premier trimestre de l'année en cours, malgré une progression des autres secteurs. Ce qui représente une progression anémique pour un pays à revenu intermédiaire comptant une très forte proportion de jeunes. Le secteur des hydrocarbures est caractérisé par des baisses d'activités depuis 2006. Après la forte expansion en volume enregistrée en 2016 (7,7%), l'activité économique dans le secteur des hydrocarbures renoue avec les baisses de production enregistrées durant les années 2006 à 2014. En 2018, selon l'ONS, les activités pétrolières et gazières ont connu une baisse de -6,2%. Alors que l'ancien ministre Ahmed Ouyahia, actuellement en détention à la prison d'El-Harrach, lors de sa présentation, en février dernier, de la déclaration de politique générale devant les députés de l'Assemblée populaire nationale, évoquait une chute de -8,2%. Selon certains experts, la valeur ajoutée du secteur des hydrocarbures a diminué d'environ 40% au cours des dix dernières années. Cette baisse de la production, entamée depuis quelques années, semble donc liée à des difficultés structurelles. L'ancien P-dg de Sonatrach Abdelmadjid Attar, intervenant récemment lors d'une rencontre organisée par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), a affiché un certain pessimisme quant à l'augmentation de la production des hydrocarbures. M. Attar a évoqué le déclin de la production algérienne d'hydrocarbures, depuis plusieurs années. "Elle continuera de baisser", a-t-il soutenu, expliquant que la plupart des gisements algériens produisent depuis 50 ans. "Il n'y a que quelques gisements qui ont été découverts dans les années 1990 dans le bassin de Berkine. Ils ont dépassé le plateau de production. Ils sont en déclin", a indiqué M. Attar. En revanche, la croissance hors hydrocarbures a été de 3,9% au cours du 1er trimestre de cette année par rapport à la même période de l'année passée. Elle est tirée essentiellement par l'activité des services marchands, de l'industrie, du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (BTPH) et, enfin, du secteur agricole. Dans son rapport de suivi de la situation économique de l'Algérie, publié en avril dernier, la Banque mondiale a indiqué que la reprise du rééquilibrage budgétaire, au second semestre de 2019, devrait induire un léger ralentissement des secteurs hors hydrocarbures sur l'année 2019. Ce ralentissement va concerner en premier lieu le BTPH. Ce compromis entre maîtrise des dépenses et accroissement des recettes débouchera sur une croissance amorphe de 1,7% en 2020 et 1,4% en 2021.