Six mois, jour pour jour, après son déclenchement, le hirak continue de mobiliser et en nombre, à Annaba. Les habitants de la ville côtière étaient des milliers à manifester, en ce 27e vendredi consécutif, pour exiger le départ du système et pour dire non au dialogue avec le panel dirigé par Karim Younès. Rejet qu'ils ont exprimé par les slogans "Gaïd Salah dégage !" et "Karim Younès à la poubelle !", que la foule a repris à l'unisson tout au long de sa marche autour du Cours de la Révolution. La marée humaine qui a déferlé sur cette place mythique d'Annaba, juste après la prière du vendredi, a, encore une fois, défié le chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, qu'elle a clairement accusé d'être de connivence avec les résidus du bouteflikisme déchu. Hommes et femmes accompagnés de leurs enfants ont ainsi battu le pavé durant des heures en criant, le poing levé, "Ya Gaïd Salah, barka melaâb, sebâa oua thmenya, solta lechaâb !" (Gaïd Salah cesse de jouer la comédie, applique les articles 7 et 8 de la Constitution !) et "Y en a marre des généraux arhalou ! Arhalou !". Pacifiques, mais néanmoins résolus à poursuivre leur mouvement jusqu'à ce qu'ils soient entendus, les protestataires ont réitéré leur exigence d'une nouvelle ère démocratique. "Dawla madania, machi âaskarya" (un Etat civil et non une dictature militaire) et "Chaâb yourid listiqlal !" (Le peuple veut son indépendance) ont été les mots d'ordre les plus repris, en ce 27e vendredi. On relèvera que les Annabis n'ont pas omis de marquer le pas à chaque fois qu'ils sont passés devant les sièges des partis FLN et RND, dont ils ont exigé le retrait de la scène politique. Les critiques les plus acerbes étaient naturellement dirigées contre le député milliardaire Baha-Eddine Tliba, qui a été traité de mafieux et auquel il est demandé de rendre des comptes à la justice aux côtés de tous les apparatchiks qui croupissent dans les geôles d'El-Harrach. Ils ont exigé la libération de Lakhdar Bouregâa et des détenus d'opinion. A. Allia