C'était il y a 23 ans jour pour jour, le 7 octobre 1996, une date "sanglante" nommée Boutrekfine, où la RN 1 découvre l'horreur du terrorisme islamiste. Une quarantaine de citoyens avaient été sauvagement assassinés à Boutrekfine, une cinquantaine de kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Laghouat. Parmi eux, une dizaine d'employés dans le champ de Hassi R'mel au sein de la Sonatrach. Accompagné de son épouse qui devait accoucher à Laghouat, B. Hamid, l'enfant de Takherbouzt, daïra de Tazmalt, n'a pas pu assister à cet heureux événement. Le destin a fait que le nouveau-né ne connaîtra jamais son père. L'Hamid s'est débattu comme il le pouvait, mais la lame a eu finalement raison de lui, devant sa femme. Par leurs crimes, les terroristes visaient à perturber le bon fonctionnement des installations industrielles du champ gazier de Hassi R'mel. Le choix de la date et du lieu du carnage n'était pas fortuit, nous a indiqué A. H. Madani, atteint de deux balles mais qui s'en est sorti vivant. Le carnage s'est produit au lendemain d'une fetwa appelant à tuer tout citoyen qui refuse de saboter l'économie nationale. Beaucoup de travailleurs de Sonatrach étaient de retour en cette date sanglante, pour rejoindre leur poste de travail à Hassi R'mel. Ne se contentant pas du bilan dramatique de la journée du 7 octobre 1996, les hordes terroristes ont assassiné, on se souvient, deux autres agents de Sonatrach à Kourdane, lieudit relevant de la daïra de Aïn Madhi, capitale des Tidjanis et chef-lieu de daïra situé à environ 70 km au sud-ouest de Laghouat. Alors que la journée s'annonçait belle en cette saison automnale, revenant à bord d'un taxi pour rejoindre son poste à Hassi R'mel où il travaille à ce jour, A. H. Madani, un des rescapé de cette tragédie, a fait escale à Djelfa avant de prendre un taxi en compagnie d'un autre voyageur (client) qui serait, dit-il, un militaire appelé de réserve. Arrivé vers 17h30 sur le lieu de la tuerie, le chauffeur a obtempéré à l'ordre de s'arrêter intimé par les terroristes en tenue afghane et kalachnikov à la main. M. Madani a vécu une scène d'horreur où les terroristes se sont scindés en deux groupes pour accomplir leur sale besogne. Un groupe égorgeait aveuglement les voyageurs extraits de force des autocars et autres véhicules, et l'autre continuait à arrêter les véhicules venant du sud et du nord, avant de les tuer. "Surpris par le faux barrage, un automobiliste a tenté vainement de rebrousser chemin, avant que les terroristes ne s'emparent de lui pour l'abattre froidement. "B. Hamid, un de mes collègues de travail, a été froidement tué sous mes yeux", raconte A. H. Madani. "Quant à moi, j'ai échappé miraculeusement à ce carnage. Deux balles m'ont percé la cuisse avant de faire le mort parmi les cadavres", a indiqué le miraculé, les séquelles de l'horreur encore visibles sur son visage. Aujourd'hui, sur le lieu du carnage, un bout de "béton" orienté vers le ciel, est érigé en guise de stèle commémorative qui ne porte, malheureusement, aucun nom des victimes. Tel un rituel, à chaque date anniversaire, le miraculé dépose une gerbe de fleurs en leur mémoire. M. Madani espère que l'Etat commémorera avec honneur cette journée et invitera les familles des victimes du devoir. AREZKI BOUHAMAM