Les entreprises de sous-traitance vivent une période des plus difficiles à cause de la crise qui secoue le pays ces cinq dernières années. "En dépit de toutes les tentatives de promouvoir le secteur à travers l'octroi de différents avantages fiscaux et des politiques d'orientation sectorielle de l'Etat, force est de constater que nous sommes dans une situation de blocage et d'échec qui ne peuvent s'expliquer par la seule conjoncture économique actuelle mais sont le fruit de mesures n'ayant pas mené aux résultats escomptés", déplore l'un des opérateurs très au fait du domaine de la sous-traitance en Algérie, en l'occurrence Adel Bensaci, directeur général de la société Somemi (Société maghrébine de mécanique de précision et de maintenance industrielle). Or, dans la majorité des pays développés et émergents, la croissance s'appuie sur les TPE/PME ainsi que la sous-traitance. Pourtant, cela fait plusieurs années depuis que l'importance de développer le secteur de la sous-traitance a été mise en exergue dans le but de promouvoir l'intégration industrielle nationale et régionale. "En effet, notre économie reste très faiblement intégrée sur le plan industriel et nous sommes toujours très dépendants des inputs, produits intermédiaires et finis importés", constate Adel Bensaci. Citant l'exemple du secteur de l'automobile, il relève que ces ateliers de montage ne sont que de pâles copies de ce qui peut exister ailleurs. Pour lui, le problème concerne la stratégie adoptée pour la sous-traitance en Algérie. "L'on ne peut espérer en tirer quoi que ce soit industriellement, que si l'on change radicalement l'approche stratégique de ce secteur", estime-t-il. "On ne peut se cantonner à tenter de s'arrimer au train de la compétitivité globale par mimétisme car nous ne sommes pas encore prêts à aller vers une production de masse globalisée dont les effets ne seront pas forcément les meilleurs pour notre pays", affirme le président du Cluster Mécanique de précision Algérie. Il avoue que les PME sous-traitantes algériennes ne sont pas sollicitées suffisamment par les constructeurs, ce qui réduit davantage leurs activités et leur chiffre d'affaires. Et les conséquences sur les plans financier et social risquent d'être dramatiques dans un proche avenir. Toutefois, Adel Bensaci estime que les sous-traitants algériens ont une carte à jouer dans les nouvelles technologies et devraient privilégier le co-développement de nouvelles technologies orientées vers les énergies renouvelables, secteur d'avenir, porteur de richesses et d'emplois pérennes. Cet industriel trouve illogique que le secteur des hydrocarbures soit un marché fermé aux PME sous-traitantes. Compte tenu de la situation actuelle, des mesures à court terme devraient être prises, suggère-t-il, "afin de préserver les entreprises existantes et sauver l'emploi". L'ultime espoir réside, cependant, dans la normalisation de la situation politique qui seule, selon lui, permettra la reprise de l'activité.