À trois semaines des élections en Espagne, le chef du gouvernement Pedro Sanchez a fait face hier aux critiques acerbes de la droite qui réclame des mesures exceptionnelles en Catalogne où la tension a toutefois nettement baissé samedi soir, après plusieurs nuits de violences et de répression policière des manifestations. Aux cris de "Vive l'Espagne" et "Nous sommes tous catalans", des centaines de personnes se sont rassemblées à la mi-journée devant le siège du gouvernement catalan, à Barcelone, à l'appel du parti libéral Ciudadanos dont le dirigeant Albert Rivera a appelé le gouvernement à "défendre tous les citoyens". "Alors qu'ils (les manifestants ndlr) lancent des pavés à la tête des policiers (...), alors qu'ils crient "les rues seront toujours à nous", vous savez ce que je leur dis, moi, à ces gens ? (...) nous leur disons qu'en démocratie (...) les rues appartiennent à tout le monde", a-t-il déclaré sous les applaudissements. Les rues de Catalogne sont en ébullition depuis la condamnation lundi dernier de neuf séparatistes, pour la plupart anciens membres du gouvernement régional, à des peines allant de 9 à 13 ans de prison pour cette tentative de sécession. Au total, près de 600 personnes ont été blessées dans les violences depuis lundi. Une manifestante dans un "état critique" et un policier était toujours hier dans un "état très grave", selon la maire de Barcelone, Ada Colau. Alors qu'approchent les législatives du 10 novembre, le chef du Parti Populaire (droite) Pablo Casado a accusé dans le quotidien El Pais le gouvernement de "faire comme si de rien n'était" et de promettre que tout rentrera dans l'ordre "avec la modération". "Il n'y a pas de dialogue possible avec ceux qui font que la Catalogne brûle", a-t-il lancé en référence au président indépendantiste catalan Quim Torra qui a réclamé samedi à Pedro Sanchez d'ouvrir des "négociations sans conditions" et abordant donc la question d'un référendum d'autodétermination pour régler le conflit en Catalogne. M. Sanchez, arrivé au pouvoir en juin 2018, notamment grâce aux voix des députés indépendantistes, a opposé une fin de non-recevoir à M. Torra et exigé qu'il condamne sans ambiguïté les violences et reconnaisse que la moitié des Catalans ne veulent pas faire sécession de l'Espagne. Selon un sondage publié en juillet par le gouvernement catalan, 44% des habitants de la région sont favorables à l'indépendance tandis que 48,3% y sont opposés.