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"Les révoltes actuelles sont dans la logique de l'œuvre de Kateb Yacine"
Ahmed Cheniki, auteur et universitaire, à "Liberté"
Publié dans Liberté le 31 - 10 - 2019

Le journaliste, chercheur et maître de conférences à l'Université d'Annaba Ahmed Cheniki, revient dans cet entretien sur l'homme, le militant et l'écrivain qu'était Kateb Yacine, disparu il y a trente ans.
Liberté : Le 28 octobre dernier marquait le 30e anniversaire de la disparition de Kateb Yacine. Comment souhaitez-vous l'évoquer aujourd'hui ? Qu'y a-t-il lieu de dire, selon vous, de l'homme, de l'écrivain et du militant, qui n'ait pas encore été dit ou qu'il est nécessaire de rappeler ?
Ahmed Cheniki : Dire Kateb, c'est évoquer une grande partie de notre histoire contemporaine. C'est un intellectuel, au sens vrai du terme, qui a touché à tout, poésie, théâtre, roman, contes, journalisme, politique… C'est un génial touche-à-tout qui a une extraordinaire faculté d'analyse des réalités sociologiques et politiques. Il faut savoir que les positions de Kateb ont connu une évolution certaine, à partir de ses premiers textes de jeunesse, empruntant le discours du PPA concernant la question linguistique et culturelle par exemple, avant de découvrir à partir de la fin des années 1940-début 1950 la complexité et la diversité culturelle.
C'est à partir des années 1950 qu'il avait réellement commencé à élaborer ses principes directeurs en proposant une lecture du monde s'articulant autour de "vérités" marxistes, considérant le monde comme un espace en transformation permanente et un ensemble de réalités et de territoires en relation constante, produits de rapports dialectiques particuliers. C'est d'ailleurs ce qui est illustré dans ses textes, notamment son théâtre et ses textes journalistiques.
Kateb l'intellectuel nourrissait Kateb le militant qui, dès son jeune âge, avait peut-être, sans le vouloir, participé à l'acte fondateur du combat anticolonial, le 8 Mai 1945. Il n'a jamais réussi à se détacher de cette période qui a fondamentalement marqué l'auteur, son œuvre et l'Histoire de l'Algérie. Kateb Yacine, alors collégien de 16 ans, participait aux manifestations. Il fut emprisonné au camp militaire de Sétif — devenu bagne de Lambèse dans son roman Nedjma —, torturé et menacé d'exécution. Libéré, Kateb n'oubliera jamais ces moments terribles qu'il a vécus en compagnie de la multitude. Les traces sont indélébiles, sa mère devient folle. Ce n'est pas sans raison que la folie et l'image de la mère vont marquer tragiquement l'œuvre de l'auteur.
Puis il y eut sa fameuse conférence à un peu plus de 17 ans sur l'Emir Abdelkader et l'indépendance de l'Algérie. Parler de Kateb, c'est évoquer ses multiples engagements ; il était tout le temps présent, quand il s'agissait de défendre le pays. Ce n'est, d'ailleurs, pas sans raison qu'il décida de rentrer au pays pour faire un théâtre en arabe populaire qui lui permettait de toucher un large public. En 1988, il était là, présent, malgré la maladie. Il publia d'ailleurs un article dans Le Monde. Il avait, à l'époque, développé une idée qui était extrêmement intéressante, selon laquelle le FLN serait, durant une courte période transitoire, le lieu de rencontre de tous les partis clandestins et de ceux d'avant l'indépendance ; il devrait disparaître, y compris l'UGTA, juste après cette courte transition.
Pourquoi ? Parce qu'il estimait que le FLN de 1954 avait promis aux partis d'avant le déclenchement de la lutte pour l'indépendance de rejoindre le FLN individuellement, mais une fois l'indépendance acquise, ces sigles reviendraient et le FLN retrouverait les lieux de l'Histoire. La promesse ne fut pas tenue. Kateb craignait à l'époque qu'on inonde le pays de partis bidon et qu'on mettrait en place un simulacre de multipartisme. Ce FLN fonctionnerait comme un espace constituant. Mais juste après la publication de cet article, il y eut une levée de boucliers contre Kateb qui aurait trahi je ne sais quelle cause.
Aujourd'hui, l'Histoire a donné raison à Kateb Yacine. Il faut savoir que le texte paru dans le quotidien parisien en ce jour de 1988 a été tronqué par la rédaction du Monde sans aviser Kateb, qui rédigea une mise au point que Le Monde, apparemment trop libre, n'a jamais publiée. Kateb, qui a réussi à faire publier son premier roman, a sérieusement souffert pour faire publier un manuscrit de 2 000 pages. Il a fallu bourlinguer comme un fou, sans le sou, avec sous le bras un volumineux manuscrit. Il avait déjà un titre un peu ringard, Les quatre vérités. Yacine ne pouvait pas ne pas accepter les recommandations éditoriales.
Son manuscrit avait été sérieusement réduit, avec quelques petits raccommodements au niveau de la structure. J'avais en 1982 publié dans Algérie Actualité un article où j'évoquais cette histoire de Nedjma et du Fils du pauvre. Le P-DG du Seuil, Michel Chodkiewicz, m'avait répondu qu'il n'était pas possible de publier un roman de deux milliers de pages d'un auteur inconnu. Une grande partie avait constitué le second roman de Kateb, Le polygone étoilé.
Comment le thème de la liberté se décline-t-il dans son écriture et dans sa vie ?
L'idée de la liberté était, pour lui, indivisible. Il n'arrêtait pas de dire que rien n'était plus beau que la liberté. Dans tous les textes, à commencer par Soliloques ou Nedjma ou le poème ou le couteau, il était question de liberté, d'un processus de libération pris en charge par des militants conscients de la nécessité de leur combat. Déjà, sa suite tétralogique Le cercle des représailles mettait en scène deux mondes, l'un en train de disparaître, celui du colonialisme et celui des collaborateurs locaux, et un monde en train de naître, c'est ce qui est pris en charge par Lakhdar et Ali.
La liberté, dans tous les cas, est un objectif. Elle est absente, selon lui, dans un monde encore dominé par les forces capitalistes et impérialistes. Son théâtre est liberté, même sur le plan des choix techniques. Ses choix politiques et idéologiques le poussaient à opter pour un lieu ouvert, susceptible de contribuer à la mise en circulation de son discours idéologique. L'essentiel était de se déplacer vers les gens pour transmettre une parole contestataire, à contre-courant de la politique officielle. C'est un théâtre de la liberté. Kateb avait donc la possibilité de déplacer sa troupe dans divers endroits, des espaces ouverts conférant plus de liberté de mouvement et de manœuvre aux comédiens, qui pouvaient ainsi se mouvoir aisément sur le plateau.
Dans la vie de tous les jours, il était d'une extraordinaire liberté, il tenait à son autonomie parce que, pour lui, un véritable intellectuel devrait être libre, autonome, au service de son peuple, aimait-il souvent dire. Dans sa vie comme dans son œuvre, la quête de la liberté est un lieu central, donnant à lire tout un processus menant inéluctablement au triomphe. Kateb se faisait surnommer "le peuple" à Alger républicain, c'est-à-dire dans sa tête une entité marquée par la présence d'un combat permanent.
Kateb Yacine était un poète, mais quel genre de poète était-il ?
Kateb Yacine est tout d'abord un poète, un grand poète. Louis Aragon l'a très bien compris. Dans une réunion du PCF, Ahmed Akkache propose très timidement des textes de Kateb à l'auteur des Yeux d'Elsa. Celui-ci les met soigneusement dans son cartable, puis deux jours après, il appelle Akkache pour lui dire que c'est un génie et qu'il aimerait le rencontrer. Akkache pensait qu'Aragon plaisantait. Kateb écrivait beaucoup sans se soucier de sa personne et de la reconnaissance. Il insistait souvent sur l'efficacité pratique de ses engagements. Mais la plupart des grands écrivains étaient poètes. Kateb était fondamentalement marqué par Eschyle et Euripide.
Comme Dib, Haddad, Bourboune, Boudjedra, qui étaient avant tout des poètes. Kateb, d'une timidité légendaire, était extrêmement sensible, usant parfois, dans ses premiers textes, d'un style romantique. Il se retrouvait quelque part dans le parcours de Rimbaud et dans Ksentini dont il appréciait énormément les textes. C'est le sens de l'indépendance et de la liberté qui le fascinait chez ces deux poètes. Il aimait énormément la poésie populaire, écoutait beaucoup Begar Hadda et Aïssa Djermouni ; ce n'est pas pour rien qu'il reprend dans son théâtre des éléments de la culture populaire. Il aimait beaucoup Hizya. D'ailleurs, même ses chroniques, celles publiées à Alger républicain ou ailleurs, Algérie Actualité par exemple, en 1967, étaient marquées par des traces de la poésie populaire, emprunts néologiques et métaphoriques.
Il est l'un des plus grands écrivains de sa génération, néanmoins, son œuvre qui a fait l'objet de beaucoup de recherches, colloques et études universitaires est parfois inconnue auprès du grand public. Elle semble même inaccessible. Pourquoi, selon vous ? Cela serait-il dû à sa complexité ou au discours qu'on a construit autour ?
Kateb est, pour moi, l'un des plus grands écrivains du vingtième siècle. Je ne crois pas beaucoup aux frontières géographiques, surtout en littérature. Chraïbi, Boudjedra, Wannous, Bourgeade, Serreau, Gatti, Bourdieu, tous vouaient une admiration sans borne à Kateb, et ils avaient/ont raison. Il a toujours voulu être très proche des gens, du peuple, pour le reprendre, c'est pour cette raison qu'il a décidé d'écrire du théâtre. Il avait rompu avec le roman parce qu'il considérait qu'il ne touchait que les intellectuels, et cela le dérangeait sérieusement.
Il m'avait dit un jour que beaucoup parlent de Nedjma, mais trop peu l'ont lu, un peu comme Don Quichotte. Nedjma, pour lui, était un mythe. Il préférait le théâtre. Mais je crois personnellement que Kateb a été un immense auteur de théâtre. Le théâtre de Kateb Yacine était un théâtre nu, un "espace vide", pour reprendre la belle expression de Peter Brook. Les objets, identifiables et dotés d'une forte charge symbolique, dominaient la représentation. Dans toutes ses pièces satiriques (Mohamed, prends ta valise, Sawt ennissa ou la Voix des femmes, La guerre de deux mille ans, Palestine trahie, Le roi de l'Ouest…), l'auteur employait des objets et des accessoires qui participaient d'une occupation de l'espace imaginaire, incluant la participation active et dynamique du spectateur.
Tout était parti de la structure de La poudre d'intelligence, qu'il va reprendre dans tous les autres textes en arabe populaire. Ainsi, Kateb tentait de rompre avec cette écriture taxée de "compliquée" par certains qui, parfois, n'ont même pas fait l'effort de lire ses textes. Tout le monde parle de Kateb, lui invente des histoires et des légendes, comme pour Rachid Ksentini, alors qu'il n'en était rien ; c'était un homme simple, qui lisait beaucoup, n'arrêtait pas d'annoter ses ouvrages. Kateb était quelqu'un qui lisait beaucoup, était doté d'une immense culture et développait un discours théorique d'une grande cohérence, dépassant largement le discours stéréotypé de nos universités.
Il n'appréciait pas beaucoup les travaux faits sur son œuvre et sur les littératures du Maghreb ; il trouvait qu'ils ignoraient la complexité de l'univers littéraire et de son œuvre, notamment son théâtre. Il aimait beaucoup Jacqueline Arnaud, qui était, en quelque sorte, celle qui a protégé son œuvre de la disparition. Il est vrai que pour l'équipe Issiakhem, Ziad, Kateb ou Neggache, ces derniers n'étaient pas faits pour garder les fragments de leurs œuvres. C'étaient de grands poètes, chacun à sa manière. Kateb était très timide, d'une grande sensibilité, aimait beaucoup Amazigh et sa mère. On ne peut parler avec Yacine sans que l'ombre de ces deux êtres plane au-dessus...
Comment son œuvre, ses engagements personnels et son combat font-ils écho dans la société d'aujourd'hui et ce, à la lumière de ce que nous vivons depuis le 22 février ?
Kateb, qui s'est toujours battu contre l'arbitraire depuis son jeune âge, a connu la stigmatisation et l'arbitraire. Déjà, lycéen, à 16 ans, il est arrêté parce qu'il a manifesté contre le colonialisme, puis il donne une conférence une année après à la Société des salles savantes sur "L'Emir Abdelkader et l'indépendance". Il prend fait et cause pour le PPA et ses idées indépendantistes. Il faut dire qu'Abdelhamid Benzine y était, avant qu'il ne parte au PCA. C'est Benzine qui a réussi à enrôler de nombreux militants de la région de Sétif au PPA, à l'instar de Belaïd Abdesslam.
Il a continué à se battre par l'écriture, les conférences et les stages de formation au MTLD. Une fois l'indépendance acquise, il décide de continuer le combat, parce qu'il se définissait comme un militant ; ce n'est pas sans rien qu'il opte à partir de 1970 pour un théâtre politique "engagé". Il était de tous les combats de l'Algérie d'avant l'indépendance et d'après 1962, il était aussi présent lors de la revendication amazighe de 1980 et de 1988, il avait une position singulièrement originale. Il a connu des hommes qui lui ont permis de lancer son aventure théâtrale, Ali Zamoum et Mohand Saïd Mazouzi.
C'était quelqu'un qui n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait. Dans ses pièces, Sétif se trouve jumelée avec Hanoï, Santiago, La Havane, la Palestine puis, par la suite, dans son dernier texte, Le Bourgeois sans-culotte ou le Spectre du parc Monceau, paru en 1989, une commande du ministère français de la Culture, les rues de Sétif retrouvent le Paris de 1789 et de 1871, avec ses cadavres, ses mutilés, ses éclopés, ses exilés et des femmes-symboles, Nedjma dialoguant avec Louise Michel, l'Algérie devenant le lieu de cristallisation d'un espace porteur et producteur d'une Histoire qui lie le pays à d'autres villes et d'autres événements emblématiques, Hanoï, Paris, Palestine…, toutes les révolutions se rejoignent, s'interpellent, s'entrecroisent, Vietnam, Palestine, Chili, Révolution algérienne, Afrique du Sud.
Il aurait été, selon moi, content de voir tous ces peuples, Soudan, Tunisie, Irak, Liban, Algérie, Tunisie, Chili… aujourd'hui, revendiquant la liberté, la rupture avec l'ancien régime fait d'iniquité et d'injustice. C'est dans la logique de toute son œuvre. Je ne sais pas, mais en revivant les textes dramatiques, ses propos, je me dis qu'il avait eu raison avant tout le monde.

Entretien réalisé : hana menasria


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