L'organisation non gouvernementale Reporters sans frontières a réagi à la censure dont sont victimes les journalistes de la Chaîne III en dénonçant particulièrement la suspension de l'émission Actuel par la nouvelle direction de la radio publique. "Prétextant une volonté de consacrer la programmation à la couverture de l'élection présidentielle prévue pour le 12 décembre 2019, la nouvelle direction de la radio publique Chaîne III a décidé, mardi 5 novembre, de déprogrammer l'émission Actuel, programme de débat politique présenté par Nahla Bekralas. La journaliste a été informée, sans préavis, de cette décision par le nouveau directeur de la chaîne, Nazim Aziri", croit savoir Reporters sans frontières. Sohaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de cette ONG de défense des droits des journalistes et de la liberté de la presse, qualifie cette interruption de l'émission de "totalement injustifiée. Elle vient priver les citoyens algériens de leur droit légitime à une information plurielle". De ce fait, RSF appelle à "la reprise immédiate et sans condition de cette émission phare". L'Organisation ajoute que, selon ses sources, "la suspension de l'émission Actuel viendrait sanctionner l'invitation d'une représentante de l'opposition à l'émission du 2 novembre dernier", en l'occurrence Louisette Ighilahriz, rappelant dans la foulée que l'Algérie occupe la 141e place au classement mondial de la liberté de la presse de l'année dernière. Les journalistes de la Radio nationale avaient rendu public, le 7 octobre dernier, un communiqué signé "Collectif de la radio pour le service public", dans lequel ils se sont insurgés contre la réapparition de la censure dans le traitement de l'information, dans un contexte de verrouillage des médias audiovisuels publics et privés. La lettre, qui s'adressait aux responsables de la Radio nationale, prenait également à témoin l'opinion publique. "Désormais, toute consigne interdisant le traitement des informations devra être signée par le directeur de l'information, de la chaîne ou de la direction générale. L'opinion a le droit de savoir qui lui refuse l'accès à l'information", écrivent-ils, menaçant de recourir, le cas échéant, à une grève illimitée. Avec l'arrivée de la nouvelle direction, la situation ne s'est, toutefois, pas améliorée. Outre la suspension de l'émission Actuel, la chronique "Justice et sécurité" a été également arrêtée. La couverture des marches des vendredis, bien que maintenue, devient de moins en moins détaillée. Ce qui dénote une volonté de museler davantage les médias à quelques semaines du scrutin présidentiel. Nissa H.