Le chauffeur du fourgon qui a foncé vendredi sur les manifestants du hirak, près de la Direction de l'éducation à Oran, sera présenté aujourd'hui devant le procureur de la République près le tribunal correctionnel de Cité Djamel. Il devra s'expliquer sur les raisons qui l'ont poussé à foncer sur la foule, percutant un manifestant qui se trouvait sur le trottoir, et à tenter de prendre la fuite avant d'être arrêté par des éléments de la police, quelques mètres plus loin. Âgé d'une quarantaine d'années, le suspect a justifié son comportement par un "sentiment de panique" qui l'aurait gagné lorsqu'il a été pris à partie par des marcheurs. "Il nous a affirmé que son acte n'était pas prémédité, qu'il a été pris de panique et a voulu rapidement quitter les lieux. La manœuvre a mal tourné et il a percuté un manifestant", a indiqué à Liberté une source proche du dossier. Cette explication pourrait concorder avec les déclarations des témoins oculaires qui ont affirmé avoir vu le conducteur du fourgon s'accrocher avec des marcheurs qui lui reprochaient de perturber la manifestation, démarrer sur les chapeaux de roue et foncer droit devant sans se préoccuper des piétons. "Son véhicule tanguait comme si le chauffeur n'arrivait pas à le maîtriser", a estimé une manifestante. L'accident qui a suscité la colère des manifestants — par chance, le gros des marcheurs n'était pas encore arrivé sur les lieux — a enflammé la Toile vendredi soir. Alors que des informations faisaient état d'un mort et de deux blessés graves, de nombreux internautes hirakistes ont vu dans cet événement la patte des ennemis de la révolution, l'œuvre de baltaguia qui ont décidé de recourir à la violence pour casser la dynamique du mouvement. Il est vrai que ces dernières semaines, des bus et des voitures n'hésitent pas à emprunter l'itinéraire de la marche, et que des motards suspects se faufilent entre les manifestants, indifférents aux reproches des marcheurs et pas du tout inquiétés par les agents de police. Provocation puérile ou opération sabotage du hirak ? Personne ne peut l'affirmer avec certitude, même si beaucoup n'hésitent pas à privilégier la seconde option. Mais après ce qui s'est produit vendredi, de nombreux hirakistes pointent un doigt accusateur sur les forces de l'ordre qui, déplorent-ils, ne sécurisent pas suffisamment les marches du vendredi. Ce qu'une source de la sûreté de wilaya d'Oran récuse. "Nous avons mis en place un dispositif-type pour sécuriser les manifestations, et jusqu'à ce vendredi, nous n'avons jamais déploré un accident corporel", a-t-elle affirmé. Selon une source hospitalière, la victime a été touchée au bassin et devrait être transférée à la clinique d'orthopédie et de traumatologie de Fellaoucène pour y subir une intervention chirurgicale. Interrogé sur les circonstances de l'accident, l'homme a affirmé que le chauffeur avait foncé délibérément sur lui. "J'étais sur le trottoir, je lui faisais signe de s'écarter, mais il a foncé droit sur moi", a-t-il relaté sur son lit d'hôpital.