«Pourquoi veulent-ils, coûte que coûte, faire passer cette loi dans la conjoncture actuelle alors que nous sommes en pleine effervescence populaire et politique ?» C'est la question qui revenait souvent dans la bouche de tous ceux qui ont manifesté hier dimanche contre le projet de loi sur les hydrocarbures. Les manifestants estiment que l'actuel gouvernement n'est que «temporaire» et ne devait en principe gérer que les affaires courantes en attendant l'élection d'un président et la mise en place d'institutions légitimes. Pourquoi cet empressement ? se demandaient hier les manifestants qui scandaient «L'Algérie n'est pas à vendre, Parlement désavoué». Considérant que ceux qui veulent faire passer cette loi ne sont pas dignes d'être représentants de l'Algérie souveraine. «L'Algérie n'est pas votre héritage», s'écriait la foule. Les citoyens venus exprimer leur rejet de ce projet de loi n'ont pas pu s'en tenir à un rassemblement et ont choisi de marcher afin, disent-ils, «de faire prendre conscience aux autres citoyens que la situation est sérieuse. Il s'agit de la souveraineté de notre pays et de sa principale source nourricière, qu'il nous faut défendre pour notre avenir et celui des générations à venir». Après une marche qui les a menés jusqu'au siège de la Wilaya, les marcheurs pacifiques se sont dirigés vers le tribunal de la cité Djamel-Eddine, afin de soutenir des «hirakistes» qui devaient être entendus par le procureur. En chemin, ils ont fait une halte devant le siège de l'activité Aval de Sonatrach, où un dispositif sécuritaire avait été mis en place en prévision de leur venue. Après quelques minutes scandant « Non à la vente de notre Sahara, projet à la poubelle», les manifestants se sont mis en place, comme prévu, en face du tribunal. Amel Bentolba Un manifestant percuté par une voiture Hier dimanche, un jeune surnommé Djawad, âgé de 19 ans, devait comparaître devant le tribunal d'Oran, après avoir été arrêté, vendredi dernier, pour «destruction de biens d'autrui». Les faits en question ont eu lieu en pleine effervescence de la marche du vendredi, lorsque, arrivés au niveau de la rue Larbi-Ben-M'hidi, les manifestants ont constaté que l'Autorité nationale indépendante de l'organisation des élections y avait ouvert un siège. Des jeunes, parmi eux l'accusé, avaient alors décidé, sous les encouragements des uns et les cris désapprobateurs de bon nombre de manifestants, d'escalader la façade et d'arracher l'enseigne de cette instance. Filmés en direct par les manifestants avec leurs téléphones portables, et mis en ligne sur les réseaux sociaux, c'est ainsi et grâce à ces enregistrements que le jeune de 19 ans a été arrêté et présenté hier en comparution directe. Des citoyens ont décidé de le soutenir en observant un rassemblement devant le tribunal de la cité Djamel-Eddine, surtout , disent-ils, pour exiger que le jeune jouisse de tous ses droits de défense. Depuis que ces rassemblements ont lieu devant le tribunal, la police a décidé de les repousser en face, soit sur le trottoir faisant face à une autoroute de passage régulier et rapide des voitures. Ce que beaucoup craignaient a fini par arriver hier, dimanche, en milieu d'après-midi. Un homme, portant l'emblème national qui, semble-t-il, tentait de traverser, a été percuté par un véhicule et projeté sur quelques mètres, pour se retrouver la tête en sang et le drapeau taché d'un rouge vif. L'ambulance a mis du temps à arriver jusqu'au lieu de l'accident en raison des embouteillages. Il fut, finalement, pris en charge et emmené en urgence à l'hôpital. Les manifestants, quant à eux, ont maintenu leur rassemblement, la comparution du jeune manifestant devant avoir lieu en fin d'après-midi. A. B.