Les Libanais ne font que revenir à la charge pour revendiquer la suppression de ce système décrié à chaque élection législative. De même en Irak, où la majorité chiite est accusée de se venger des sunnites dont était issu l'ancien président Saddam Hussein. Depuis le début des manifestations sociales en Irak et au Liban, des voix ont commencé progressivement à s'élever pour dénoncer le mode de gouvernement dans ces deux pays, où le jeu politique est basé sur le confessionnalisme et le communautarisme. Que ce soit à Beyrouth ou à Bagdad, les manifestants ont ouvertement exprimé leur rejet d'un système de gouvernance révolu, qui a servi durant des décennies à réprimer ceux qui revendiquaient une réelle ouverture démocratique. Les Irakiens et les Libanais estiment aussi que ce système fondé sur le partage du pouvoir sur la base d'appartenance à la communauté chiite, sunnite ou chrétienne. Les Libanais ne font que revenir à la charge pour revendiquer la suppression de ce système décrié à chaque élection législative. De même en Irak, où la majorité chiite est accusée de se venger des sunnites dont était issu l'ancien président Saddam Hussein. Il est d'ailleurs de notoriété publique que le premier noyau de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique incluait d'anciens officiers de l'armée irakienne de confession sunnite. Mais le fait nouveau dans ces manifestations qui secouent les deux pays depuis octobre, c'est le rejet total par les manifestants des politiques qu'ils soient chiites, sunnites, chrétiens ou kurdes. Le rejet du Hezbollah libanais s'est même exprimé dans son propre fief au Liban, où une partie de ses partisans exige la démission des élus de ce mouvement chiite, faisant trembler son dirigeant Hassan Nasrallah. Les Libanais accusent leurs représentants politiques d'incompétence et de corruption, estimant que ces derniers utilisent le mode de répartition du pouvoir selon la représentation religieuse et communautaire pour se maintenir au pouvoir, alors que la situation sociale et économique nécessite des hommes capables de relever le défi pour sortir le pays de l'endettement et le peuple de la misère. En Irak, le gouvernement de Bagdad à dominance chiite a été déstabilisé lui aussi. Ses promesses tardives de réformes politiques et économiques ne passent pas devant la colère des Irakiens qui réclament de nouvelles figures politiques dans le pays. La propagation des manifestations dans le fief chiite à Karbala ou à Bassora est un signe d'une prise de conscience citoyenne qui était déjà là, mais que la dictature de Saddam Hussein, puis la guerre d'invasion américaine avaient violemment contenue. Aussi, l'ingérence iranienne dans les deux pays, pour maintenir les chiites au pouvoir et asseoir son influence, est dénoncée en chœur. Pour rappel, le système de gouvernance confessionnel est enraciné au Liban depuis 30 ans, soit depuis la fin de la guerre civile qui a duré de 1975 à 1990. En Irak, ce système a été instauré dans la foulée de l'invasion américaine du pays en 2003, minant un pays riche en pétrole, mais incapable de se reconstruire, en raison des dangereuses rivalités religieuses et communautaires qui risquent de provoquer sa scission. Lyès Menacer