Hier, au premier jour de la grève générale de quatre jours à laquelle ont appelé des acteurs du hirak, plusieurs villes de la wilaya de Béjaïa ont été le théâtre de manifestations de rue en signe de rejet du scrutin présidentiel du 12 décembre. Des marches citoyennes organisées sous une pluie battante et sur fond de grève générale qui a paralysé l'ensemble des secteurs d'activité économique et autres administrations publiques et privées. À Béjaïa-ville, tout comme à Kherrata, à El-Kseur, à Seddouk et à Tazmalt, ce sont des milliers de personnes qui sont sorties dans la rue pour réaffirmer leur rejet de l'élection du 12 décembre et exiger de nouveau la libération des détenus d'opinion. Au chef-lieu de wilaya, ce sont des centaines de manifestants qui ont pris part, hier, à la marche organisée à l'appel des animateurs du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) de Béjaïa. Une organisation qui regroupe en son sein des dynamiques de la société civile, dont des militants des droits humains, des représentants de partis de la mouvance démocratique, des syndicats autonomes de tous les secteurs d'activité (Snapap, Satef...), de l'Union générale des commerçants algériens (UGCA) — ils sont rejoints officiellement par le Cnapeste, l'Unpef et la SNTE et plus récemment encore par l'UGTA de Béjaïa. C'est avec l'adhésion de tous ces syndicats que l'appel à la grève générale de quatre jours a fonctionné. Le mot d'ordre de grève a été suivi dans tous les secteurs d'activité, privés et publics, mais aussi par les commerçants et les fonctions libérales. Hormis les pharmacies, qui étaient ouvertes, tous les commerces ont fermé, a-t-on constaté au chef-lieu de wilaya. C'est le cas aussi dans le secteur de la santé, non concerné par cette grève, visiblement pour ne pas pénaliser le citoyen. Joint au téléphone, Karim Bourdjioua, membre du PAD de Béjaïa, a confirmé que "la grève a été suivie à 100%. Et dans tous les secteurs d'activité, privés et publics". L'orateur venait de faire le point avec les autres animateurs du PAD, qui se trouvent au niveau des différentes régions de Béjaïa, le Sahel, la Soummam. "Ils ont tous assuré que la grève a été très largement suivie, y compris dans les villages les plus reculés. Béjaïa est une wilaya morte en ce premier jour de grève. C'est pour cette raison que nous sommes confiants pour la suite des événements", s'est-il félicité. L'on a pu constater cette détermination auprès des centaines de manifestants qui se sont mobilisés hier à l'occasion de la marche. Malgré la pluie, les manifestants, de tout âge, qui ont tenu à emprunter le même itinéraire — soit depuis l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche jusqu'à l'ancienne ville, en passant par la rue de la Liberté, la cité Nacéria, le siège de la wilaya, Lakhmis — ont scandé des slogans habituels, hostiles au pouvoir qui insiste pour organiser l'élection du 12 décembre prochain.