La question a été évoquée, dimanche, lors de la manifestation de l'acte 46 du hirak à Montréal : comment maintenir la mobilisation populaire dans le temps ? Conscients du rôle que peut jouer la diaspora dans la visibilité de la révolution du 22 février à l'international et outre le soutien au peuple algérien manifestant, les Algériens du Canada engagent la réflexion sur les voies et moyens pour maintenir la mobilisation du hirak intacte, en dépit des coups de boutoir du pouvoir qui, en ne prêtant pas une oreille attentive à la rue qui gronde toujours, affiche sa volonté de perpétuer le système tant décrié par les Algériens. Le débat a été relancé lors du speaker corner qui s'est déroulé en marge de la manifestation dominicale à la place du Canada, au centre-ville de Montréal. Le froid extrême de ce dimanche n'a pas empêché un échange courtois et constructif entre les participants à cette agora citoyenne où chacun a donné son avis sur les perspectives de la révolution populaire. Si les intervenants sont unanimes à rejeter le dialogue que même le pouvoir semble déjà avoir oublié, ils préfèrent se focaliser sur la meilleure manière de maintenir la mobilisation populaire née visiblement d'une lame de fond historique. "On ne rejette pas le dialogue par principe, mais un pouvoir illégitime et issu d'un scrutin rejeté massivement par le peuple est mal placé pour évoquer une telle perspective", soutient un intervenant. D'autres manifestants se montrent sceptiques quant à une éventuelle structuration du mouvement populaire. C'est que nombre d'intervenants se disent échaudés par les expériences passées de structuration des mouvements de contestation qui ont fini à la table de négociation, sans pour autant arracher des acquis notables. Pour convaincre, ils citent l'exemple du mouvement des archs de Kabylie en 2001. Toujours est-il que, dialogue ou pas, la mobilisation doit rester intacte, considèrent nombre de manifestants pour lesquels le hirak doit se poursuivre, tant que le système est encore là. Contre la volonté populaire. "Système dégage", a d'ailleurs été le slogan le plus scandé lors de la manif où le portrait d'Abane Ramdane a été brandi aux côtés de ceux des détenus d'opinion. "Non au recyclage des mercenaires politiques", lit-on sur une pancarte. La manifestation s'est terminée par l'hymne national avec l'engagement réitéré de poursuivre le combat pacifique pour le changement radical du système : Qassaman !