La Direction de la presse et de la communication de la présidence de la République a réagi à de faux profils créés sur les réseaux sociaux et attribués, principalement, au chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune. Dans son communiqué, la Présidence a averti les auteurs "des poursuites judiciaires", appelant, à l'occasion, "à la vigilance contre de tels comptes fictifs qui dupent l'opinion publique et nuisent aux hauts responsables de l'Etat". La réaction de cette direction est légitime. Elle l'est d'autant plus que la création de faux profils et la propagation de fausses informations sur les réseaux sociaux deviennent incontrôlables, douteuses et dangereuses. Cette activité suspecte relève de la cybercriminalité punie par la loi. Sauf que cette sortie de la Direction de la communication de la Présidence n'est pas totalement exempte de reproches. Ainsi, la première institution de l'Etat n'a réagi que quand le délit "d'usurpation de l'identité" a attenté à la personne du chef de l'Etat ou à d'autres responsables. La présidence de la République, en tant qu'institution suprême de l'Etat, devait réagir plus tôt à cette activité sur les réseaux sociaux, via d'autres institutions, notamment judiciaire et sécuritaire, pour mettre fin à ces dérives. Rien de tout cela. Les institutions de la République, y compris les services de sécurité, sont restés de marbre devant une blogosphère nationale animée exclusivement par un discours raciste, xénophobe et haineux. Invectives, insultes et désinformation inspirent et guident la Toile depuis, notamment, les premières semaines du soulèvement de la rue. Ce même discours haineux a même été relayé par la télévision publique à plusieurs reprises, lorsqu'elle a laissé libre cours à des intervenants qui ont traité les citoyens de Kabylie de "zouaves". La chaîne publique a traité le moudjahid Lakhdar Bouregâa de faux maquisard qui a usurpé l'identité d'un martyr de la Révolution. Cela sans évoquer le black-out total sur les manifestations hebdomadaires de rue. Les mêmes institutions, censées appliquer la loi, n'ont pas bougé le petit doigt devant les messages de haine, d'animosité et d'agressivité d'une députée, cheffe d'un parti politique agréé. Aucune réaction n'a été enregistrée contre des pages Facebook où des figures de la mobilisation citoyenne ont été insultées et invectivées. Cependant, plusieurs jeunes manifestants ont été arrêtés et écroués pour avoir partagé ou diffusé des messages sur les réseaux sociaux en faveur du soulèvement de la rue. Ce deux poids, deux mesures dont font preuve les institutions de l'Etat, notamment celles censées combattre le fléau de la cybercriminalité, ne peut être toléré indéfiniment.