La télévision publique, maintenue en vie grâce à l'argent du contribuable, n'en est pas à sa première atteinte à l'éthique et à la déontologie du métier de journaliste. La télévision publique récidive encore dans sa manipulation éhontée des événements. Passant sur sa manière de rapporter et de couvrir l'actualité, la télévision publique se distingue par une façon de couvrir l'actualité le moins que l'on puisse dire, contraire aux règles d'éthique et de déontologie du métier. En réaction aux multiples appels des manifestants à rejoindre la ville d'Oran pour la 44e marche du soulèvement citoyen contre le système en place, la télévision publique s'est adonnée à un jeu des plus condamnables. En effet, l'EPTV a mobilisé ses journalistes pour un reportage à El-Bahia où elle n'a fait parler que des citoyens acquis aux thèses officielles. Si ce procédé n'est pas nouveau chez l'Unique, cette dernière n'a pas pris le soin de filtrer les déclarations de ses "convives", visiblement triés sur le volet. Ainsi, certains d'entre ces citoyens qui sont intervenus dans le reportage se sont laissés aller à des propos régionalistes à la limite racistes. "Nous les autochtones d'Oran", "les étrangers à la ville", "ceux qui veulent embraser notre ville", ou bien "le hirak est mort maintenant que nous avons un président"..., tels sont, entre autres, les propos relayés par la télévision publique qui n'a pas pris le soin de mesurer la portée nuisible et pernicieuse de ce genre de déclarations. Au fait, la télévision publique maintenue en vie grâce à l'argent du contribuable, n'en est pas à sa première atteinte à l'éthique et à la déontologie du métier de journaliste. Des propos de même nature ont été diffusés par cette même chaîne de télévision publique contre une région du pays. L'on se souvient qu'au début du soulèvement, l'Unique avait ouvert son plateau à un lynchage en règle contre la Kabylie, accusée de porter le mouvement de protestation. "Zouaves" était le mot usité par les adeptes du système en place pour dénigrer la Kabylie qui a adhéré corps et âme au mouvement de protestation. À rappeler, également, que le même procédé a été utilisé le 14 juin 2001 contre les citoyens de Kabylie venus manifester à Alger et remettre à la présidence de la République la plateforme de revendications du mouvement citoyen de Kabylie. C'est la télévision publique qui avait désigné les manifestants de "casseurs" venus "saccager la capitale". Un appel avait été lancé aux Algérois sur la télévision publique, par la voix d'un officier de police bien connu à l'époque, pour défendre la ville des "envahisseurs". Fidèle à son image d'instrument de propagande du régime, la télévision publique s'en était même prise à un ancien maquisard qu'elle avait traité de tous les noms. Pour justifier l'incarcération du commandant de l'ALN Lakhdar Bouregâa, la télévision publique avait même tenté de falsifier le passé héroïque de Si Lakhdar. Elle l'avait accusé d'usurpation d'identité et avait remis en cause sa participation à la glorieuse Révolution de Novembre. D'aucuns pensaient qu'avec un mouvement de soulèvement que vit le pays depuis plus de 10 mois, les adeptes du journalisme à la soviétique allaient briser les chaînes de la soumission pour se mettre au diapason de l'ère de l'Internet et des réseaux sociaux. Finalement, rien de tout cela. Sous d'autres cieux, un média, qu'il soit public ou privé, qui diffuse de tels propos est passible de poursuites judiciaires. Chez l'Unique, c'est apparemment une raison d'être !