Après Un ange chez McDonald's, Mahmoud Aroua revient avec Sentiments sous anesthésie, un second roman, avec cette fois-ci un peu plus de réalisme, mais tout autant de détails sur les lieux, les événements et les personnages. Mahmoud Aroua, auteur et médecin anesthésiste-réanimateur, reste fidèle à son écriture fluide et concise qui relate avec minutie faits, décors et temporalité, nous laissant presque croire que nous assistons à une bande audiovisuelle qui défile devant nos yeux plutôt qu'un livre que nous lisons. Telle une série télévisée sentimentale, dont le plus gros se passe à l'hôpital, le spectateur-lecteur suivra en temps réel ces séquences de vie sociale et professionnelle, datées avec précision. Après Un ange chez McDonald's, voilà Mahmoud Aroua qui nous donne à lire Sentiments sous anesthésie, un second roman, avec cette fois-ci un peu plus de réalisme, mais tout autant de détails sur les lieux, les événements et les personnages – fictifs, nous précise-il, pour qu'il n'y ait pas d'amalgame –, le tout accompagné de morceaux de musique romantique – entre Abdelhalim Hafez, Meddah el-qamar (le chantre et la lune), Julio Iglesias, ou encore Strangers in the night – qui imprègnent le décor et en disent long sur les goûts et les penchants de "Hakim, ce jeune médecin anesthésiste-réanimateur fraîchement diplômé, affecté provisoirement dans un hôpital de banlieue". Un Hakim Benrazi, qui nous rappellera d'ailleurs par beaucoup de traits communs notre auteur-réanimateur. Hakim qui "un matin croise Nadine, une fille énigmatique qui s'occupe des enfants lourdement malades". De là naîtront des "sentiments" qui évolueront un peu, puis se verront mis "sous anesthésie" pendant assez longtemps, jusqu'à être réanimés un beau jour, après séparation, lors d'une rencontre provoquée par le hasard qui, parfois, fait bien les choses. Une histoire touchante de douceur et d'humanité que le lecteur suivra pas à pas durant quelques années tout de même. Du lundi 1er juin 1987, date du début de cette romance troublée. "Cette année-là, je bouclais mes vingt-sept ans, alors que ma vie professionnelle amorçait ses premiers pas", jusqu'au jeudi 8 septembre 1994, date de l'épilogue qui mènera au dénouement par un tour de danse. "Nous étions de piètres danseurs, mais nous étions bien dans les bras l'un de l'autre, à tourner jusqu'à l'ivresse, tels des derviches en quête de transes extatiques." Entre romance latente et opérations chirurgicales prenantes, le cœur du lecteur palpitera. Il sillonnera avec les nombreux personnages vivants – Dr Réda Malki, Dr Mouloud Bensaid, Dr Malika Himeur, Ratiba, Nacéra, Saliha, Ghania, Messaouda… – au milieu de ces 182 pages, plage et blocs opératoires, et découvrira tantôt les sorties amicales entre potes, tantôt les urgences chirurgicales entre médecins, infirmiers et patients. Comme une douce mélodie nostalgique, ce retour daté raconte comme une tranche de vie, encore vécue aujourd'hui par autrui. Après tout, toute vie mérite d'être vécue. Et ce vécu mérite d'être… lu.